Quand les verres sont de trop

Le CERN lance une campagne de prévention de l'alcoolisme.





Le 21 juin entre 11h.30 et 13h.30, à l'entrée des trois restaurants du CERN, vous pourrez déguster gratuitement des cocktails... sans alcool.
Cette opération, lancée par le Sous-groupe du Comité de Concertation Permanent de prévention de l'alcoolisme, a pour but de tous nous sensibiliser aux problèmes de consommation excessive d'alcool.
Depuis 2000, le service médical a observé une réapparition progressive des problèmes liés à la consommation d'alcool. De plus, le Groupe de Prévention de l'alcoolisme a noté une absence de recours à la procédure d'aide en la matière. Cette tendance peut être expliquée notamment par le manque de formation des nouveaux superviseurs et par le manque d'informations en général. Le groupe s'est donc donné pour objectif de relancer les actions de sensibilisation aux problèmes liés à l'abus d'alcool et à leurs conséquences sur la santé, la sécurité routière et le travail.
Une nouvelle Circulaire Opérationnelle (No 8), mieux adaptée aux besoins des superviseurs, vient tout d'abord d'être éditée. Elle donne à chacun d'entre nous, superviseur ou non, la responsabilité d'agir en cas de difficulté. En outre, elle fournit des outils pratiques pour inter-venir plus efficace-ment. Dès que l'on constate une situation d'alcoolisme, il est en effet important d'instaurer un dialogue avec la personne pour l'inciter à se prendre en charge.
Le point d'orgue de cette campagne de sensibilisation se déroulera fin 2004 avec des séances de formation. Organi-sées en collaboration avec l'Institut suisse de prévention de l'alcoolisme, elles visent à expliquer ce qu'est l'alcoolisme, la responsabilité de chacun et les moyens d'action des personnes impliquées dans la procédure d'aide. « Ces formations sont non seulement très instructives, mais donneront à tous des clés pour résoudre des situations souvent délicates », observe Carla Bryois, Chef du Département des Ressources humaines et Présidente du Sous-goupe du CCP de Prévention de l'alcoolisme.
Mais l'action débute dès maintenant par une grande campagne de prévention. Des affiches et des articles dans le Bulletin aborderont successivement les effets de l'alcool sur la santé, sur la sécurité routière et sur le travail.



Les effets de l'alcool sur la santé

La consommation modérée d'alcool fait partie de nos cultures et participe à notre santé, dans sa définition la plus large. Boire un verre de vin par jour diminuerait, en effet, les risques de maladies cardio-vasculaires.
N'oublions pas, cependant, les nombreux effets nocifs sur la santé d'une consommation inadaptée d'alcool.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, la consommation d'alcool est excessive quand elle dépasse 2 verres par jour chez la femme et 3 verres par jour chez l'homme, soit, respectivement, 14 et 21 verres par semaine, sans ménager un jour d'abstinence hebdomadaire. Le repère pour chacun d'entre nous est le verre d'alcool standard. Les verres, quand leur forme est adaptée au contenu, contiennent environ la même quantité d'alcool pur, soit 10 grammes. Le vin et la bière sont bien de l'alcool !
Perdre le contrôle de cette consommation d'alcool peut faire entrer dans la dépendance. Beaucoup ne savent pas qu'ils boivent en excès, disant «bien tenir le coup» ou ne jamais être ivres.
Les effets sur la santé d'un usage inadapté de l'alcool sont nombreux, avec des conséquences pour soi et les autres...

  • d'une ivresse par consommation abusive unique : atteintes traumatologiques, neurologiques ou létales à l'occasion d'accidents de la route, du travail, de la vie courante ; maladies infectieuses parfois mortelles lors de rapports sexuels à risques.
  • d'une consommation chronique abusive : cancers des voies digestives supérieures (bouche, larynx, oesophage), cancer du sein, cancer du foie, cirrhose, pancréatite, maladies cardio-vasculaires (hypertension artérielle, infarctus du myocarde), maladies du système nerveux, troubles psychiques (souvent révélateurs). Une surconsommation médicale en découle, en particulier hospitalière, très coûteuse. Le retard à la prise en charge, lié au déni et à la codépendance, aggrave encore le bilan pour la santé. Dans nos pays, des milliers de décès par maladie sont imputables directement à l'alcool.

Le service médical du CERN constate une augmentation du nombre de consultants en difficulté avec l'alcool, même si la consommation sur le lieu de travail est de mieux en mieux régulée.
Cependant, l'usage de l'alcool comme anxiolytique doit être souligné, car favorisant particulièrement l'entrée dans un cercle infernal pouvant conduire à une dépendance, avec des risques majeurs pour l'état de santé.
Cause ou conséquence, l'alcool met en jeu systématiquement la santé psychique, puis physique. Sachons aborder cette question avec franchise pour ne pas laisser à l'alcool le temps de faire des dégâts irréversibles.

Drs V. Fassnacht et E. Reymond