ALICE met sa TPC en place

La chambre à projection temporelle d'ALICE a été transportée dans la caverne expérimentale. La manutention de ce détecteur très fragile a été longue et délicate.

Le camion chargé de la TPC a mis une heure pour relier le hall d'assemblage au hall d'accès au puits distant de... 200 mètres.

La TPC a été descendue avec beaucoup de précautions dans le puits de l'expérience ALICE: l'espace entre la structure et la paroi du puits n'était que de 10 centimètres!

ALICE a démarré l'année sur les chapeaux de roues... mais à la vitesse de l'escargot. Le 8 janvier, jour de réouverture du CERN, les équipes d'ALICE et du Département TS débutaient le transport de la chambre à projection temporelle (TPC), la plus grande jamais conçue. Ce cylindre de 5 mètres de long pour 5 mètres de diamètre a été transporté de la salle propre, où son assemblage a été réalisé, à la caverne de l'expérience. Le trajet de 300 mètres a été effectué en... quatre jours! La TPC est en effet un élément très fragile et son transport devait donc être réalisé avec d'infinies précautions.

Conçue pour reconstituer les trajectoires des particules chargées, la TPC est constituée d'une structure cylindrique en fibres de carbone, très légère et donc fragile. Cette structure, la cage de champ, est tapissée de plus de 30000 bandelettes en Mylar fixées avec une grande précision. Les deux bouchons fermant le cylindre portent les canaux électroniques de lecture et concentrent presque tout le poids de l'ensemble de la TPC, soit 8 tonnes. Ces extrémités sont reliées par plusieurs milliers de câbles plats aux deux roues de service, pesant 2,8 tonnes chacune. Elles supportent les services électriques, électroniques et de gaz.

Les équipes chargées du transport devaient veiller à minimiser les mouvements de cet ensemble. «Nous avions demandé à ce que les mouvements entre les roues de service et la TPC ne dépassent pas 3 millimètres», explique Peter Braun-Munzinger, chef de projet de la TPC.

Pendant le transport, tous les mouvements ont été contrôlés en temps réel à l'aide de capteurs électroniques reliés à un moniteur.

La TPC avait été assemblée dans une structure métallique de transport autrefois utilisée par l'expérience DELPHI du LEP. Avant d'être déménagée, elle a été enveloppée d'une bâche isolante. Le toit et un mur de la salle propre avaient été démontés. Ces opérations préliminaires terminées, les grandes manoeuvres pouvaient démarrer pour déplacer les 30 tonnes de la TPC et de son armature.

À l'aide du pont roulant, la TPC et sa structure de transport ont d'abord été soulevées du niveau bas de la salle propre et déplacées au-dessus de quatre vérins hydrauliques. Ces vérins ont été montés pour reprendre la charge en douceur. Le jour suivant, la structure a été très lentement montée à une hauteur de 80 centimètres. Cette procédure qui a duré six heures devait permettre à un camion de glisser sa remorque plate sous la structure. La remorque ne devait pas s'incliner de plus de 2 degrés pendant le transport. Les 200 mètres entre le hall d'assemblage et le hall d'accès au puits de l'expérience ont été effectués en une heure. Un autre pont roulant a récupéré la structure pour effectuer la descente de 50 mètres dans le puits. La difficulté de cette spectaculaire opération tenait à l'espace entre la structure et la paroi du puits qui ne dépassait pas 10 centimètres! La position du détecteur pendant la descente devait donc être contrôlée pour éviter tout choc contre la paroi du puits. Un manutentionnaire posté dans la caverne tenait une corde reliée à un coin de la structure. Les déplacements de la corde indiquaient en effet une rotation de la TPC sur elle-même et l'opérateur pouvait rectifier sa position en tirant sur la corde: un dispositif somme toute rudimentaire mais très efficace. Après 1 h 30, la TPC atteignait enfin le sol, ou tout au moins les quatre vérins chargés de la réceptionner en douceur. Un portique dans la caverne a finalement déplacé la TPC sur les derniers 30 mètres, avant qu'elle ne trouve sa place quasiment définitive dans l'aimant. Elle est maintenant préparée à accueillir le système de trajectographie interne. En mai, la TPC sera à nouveau testée avec des rayons cosmiques.