Certains l'appellent...TIM

S'aventurer là où personne ne peut aller... Le Train d'Inspection Monorail (TIM) permettra aux scientifiques, techniciens et ingénieurs de surveiller le tunnel du LHC et d'y effectuer des mesures lorsque celui-ci ne sera pas accessible au personnel.

TIM dans le tunnel.

Jean-Louis Grenard, qui a conçu les éléments mécaniques de TIM, se sert de la station mobile de commande à distance pour tester TIM au Point 1 du LHC.

Imaginez pouvoir visualiser des parties du LHC avant que l'on ne puisse pénétrer dans le tunnel, après l'arrêt du faisceau, ou mesurer avec précision la position d'équipements dans des zones présentant des niveaux de rayonnement extrêmement élevés sans prendre aucun risque. Le Train d'Inspection Monorail - «TIM» pour les intimes - est un train modulaire qui circulera au plafond du tunnel du LHC et qui aidera les équipes sur le site à faire face aux problèmes d'inspection, de mesure et même de manutention d'équipements dans le tunnel lorsque les niveaux de rayonnement et les risques cryogéniques en restreindront l'accès du personnel.

TIM a été mis au point au cours de l'année écoulée au sein du groupe Coordination de l'Installation du LHC (TS-IC). «Il s'agissait avant tout de montrer qu'il était possible de commander un équipement mobile dans le tunnel au moyen de l'infrastructure en place», explique Keith Kershaw, qui dirige le projet TIM. Les opérateurs communiquent avec TIM via le réseau de téléphonie mobile du CERN grâce à un dispositif de commande à distance, à écran tactile, de la taille d'un PC, qui peut être transporté partout dans le Laboratoire. TIM utilise aussi la poutre en I du monorail qui avait été mise en place pour l'installation des aimants du LEP et qui forme un cercle complet de 27 kilomètres de long. L'équipe qui a mis au point TIM s'appuie sur ses expériences récentes en matière d'équipements pour le transport et l'installation des cryoaimants dans le tunnel du LHC : outre Keith Kershaw, elle comprend Thierry Feniet, responsable du contrôle électrique et de la communication, et Jean-Louis Grenard, concepteur des éléments mécaniques du train.

Plusieurs départements du CERN ont reconnu l'utilité de TIM et envisagent l'ajoutde fonctionnalités au fur et à mesure de son développement. On a déjà utilisé TIM pour surveiller visuellement la condensation au niveau des amenées de courant des boîtes de distribution électrique (DFB) pendant le refroidissement initial du secteur 7-8, lorsque le personnel n'était pas autorisé à pénétrer dans cette section du tunnel; les «yeux» de TIM, deux caméras de sécurité, à l'avant et à l'arrière, renvoient une image du tunnel à intervalles de quelques secondes. En outre, Rudiger Schmidt, membre de l'équipe chargée de la mise en service des équipements, a proposé d'utiliser TIM pour mesurer les niveaux de rayonnement après une exploitation; en effet, grâce à cette machine mobile, il sera possible d'analyser les pertes de faisceaux tout au long du tunnel, en ne se limitant plus aux endroits où sont installés les détecteurs de pertes de faisceaux. Doris Forkel-Wirth, responsable de la radioprotection pour le LHC, a précisé que l'utilisation de TIM pour contrôler les niveaux de rayonnement sera un excellent moyen de réduire l'exposition de son équipe. Le service Secours et feu est également intéressé par les caméras de surveillance de TIM pour diagnostiquer les problèmes tout en limitant l'exposition aux fuites de gaz ou aux rayonnements. En cas de problème dans le tunnel, TIM serait le premier arrivé sur les lieux. «TIM ne peut pas remplacer les pompiers, observe le chef adjoint du service, Hillebrand Bont, mais il peut nous donner des informations complémentaires».

De nouveaux wagons seront conçus et construits au fur et à mesure que d'autres personnes souhaiteront utiliser la machine. Sous sa forme définitive, TIM ressemblera à un train miniature comportant des wagons que l'on pourra accrocher ou décrocher à volonté. «Nous voulions quelque chose de très modulaire - pouvant évoluer en fonction des besoins», a indiqué Keith Kershaw. Les modules de TIM formeront aussi une partie d'un train qui sera utilisé pour le remplacement des collimateurs lorsque les niveaux de rayonnement seront trop élevés pour effectuer «manuellement» la manutention et le transport. Au cours des prochains mois, l'équipe envisage de construire un second TIM ainsi qu'une maquette du tunnel du LHC afin de pouvoir mettre en service les trains, même lorsque le LHC sera fermé. Grâce à cette maquette, l'équipe de TS chargée de la métrologie pourra collaborer avec l'équipe de TIM afin de mettre au point des outils permettant de mesurer, avec précision et à distance, l'alignement des collimateurs.

La machine TIM et ses applications seront présentées dans le cadre d'un séminaire technique intitulé «Remote inspection, measurement, and handling for LHC», organisé par le département TS le mercredi 18 avril à 16 heures dans l'amphithéâtre AT, bâtiment 30.