Le mot du DG : La dernière ligne droite

Le 14 juillet 1989 le premier faisceau était injecté dans ce qui était alors le nouveau fleuron du CERN, le LEP. Un mois plus tard, les premières collisions étaient enregistrées. L’histoire est-elle sur le point de se répéter ? À l’heure où j’écris ces lignes, le secteur 5-6 du LHC a été refroidi et les secteurs situés entre les Points 1 et 7 sont en cours de refroidissement. Auparavant, deux secteurs ont été refroidis puis ramenés à température ambiante, mais pour tous les autres secteurs, le refroidissement sera définitif.

Selon le calendrier de refroidissement qui, j’en suis convaincu, sera tenu, tout le LHC sera refroidi d’ici à la mi-juin, les premiers faisceaux devant être injectés peu après. Les premières collisions suivront deux mois plus tard.

Lors de la mise en service du secteur 4-5, trois dipôles ont connu une transition résistive avant 9,5 kA, alors qu’ils avaient été testés auparavant jusqu’à l’intensité nominale d’exploitation du LHC (12 kA). Il semble qu’il sera nécessaire de soumettre certains de ces aimants à un nouvel entraînement (« training »), ce qui prendra quelques semaines de plus. Après avoir obtenu l’accord de toutes les expériences et informé le Conseil lors de sa session de mars, nous avons décidé de tout mettre en œuvre pour obtenir des collisions à une énergie de 10 TeV cette année, le plus rapidement possible, la qualification complète jusqu’à 14 TeV devant suivre pendant l’arrêt hivernal.

La qualification à 10 Tev devrait être rapide, aucune transition n’étant attendue, ce qui laisse à penser que les expériences enregistreront des données à des énergies record pendant l’été.

En 1989, il n’a fallu que quelques semaines pour que le LEP produise son premier résultat de grande portée : une mesure du nombre de familles de neutrinos légers. À cet égard, au moins, l’histoire ne se répétera pas. Les découvertes visées par le LHC demanderont un peu plus de patience.

Robert Aymar