Élargissons nos horizons



Le CERN ne se limite pas au LHC et la physique des particules ne se limite pas au CERN. Ce n’est pas nouveau, mais, alors que le LHC est sur le point de recueillir ses premières données, cette affirmation prend aujourd’hui tout son sens et une réflexion sérieuse s’impose.

Dans quelques semaines, nous accueillerons un atelier qui visera à déterminer de nouvelles possibilités dans le paysage de la physique au CERN. Outre le programme de recherche du LHC, nous mettons en place une nouvelle infrastructure pour l’avenir du Laboratoire. Cet effort a commencé avec les travaux de génie civil du Linac 4 et se poursuivra sans doute avec la construction d’un nouveau linac à protons supraconducteur, le SPL, et d’un nouveau synchrotron à protons, le PS2, destinés à remplacer l’injecteur du PS et le PS actuels. Ces nouvelles machines serviront-elles uniquement à alimenter le LHC ou pourraient-elles avoir leur propre programme de recherche? Je n’ai pas encore la réponse, mais s’il est possible de mettre en place un programme de recherche intéressant pour ces machines, il serait bon de le savoir avant de commencer leur construction, de façon à concevoir dès le début des zones d’expérimentation adéquates. L’atelier sera l’occasion d’aborder ce type de question. Il ne s’intéressera pas aux programmes de recherche actuels, mais permettra d’ébaucher de nouvelles idées en vue d’une utilisation optimale des installations futures du CERN.

L’atelier sera consacré en grande partie aux possibilités qu’offrira la transformation de l’infrastructure de base du CERN, mais d’autres sujets y seront également débattus. Grâce aux installations exceptionnelles dont il dispose, le CERN est déjà en mesure d’accueillir des travaux de recherche impossibles à réaliser ailleurs. Même si ces travaux n’entrent pas dans le cadre de notre mandat, leur valeur intrinsèque peut justifier que l’on fasse une exception. L’expérience ACE (Antiproton Cancer Experiment), menée au décélérateur d’antiprotons (AD), et Cloud, menée au PS, en sont deux exemples parmi d’autres. Toutes deux constituent des projets de recherche appliquée, étudiant des questions qui sont d’une importance vitale pour la société – la santé publique et le changement climatique. Y a-t-il d’autres voies de ce type que nous n’avons pas encore explorées?

L’atelier portera son regard au-delà du Laboratoire. Bâtir de solides fondations pour l’avenir du CERN ne signifie pas reproduire les excellents projets de recherche qui ont déjà été mis en place par d’autres laboratoires – le projet FAIR au GSI, le projet X au Laboratoire Fermi ou le projet JPARC au Japon, pour ne citer que ces trois exemples. Si l’expérience ACE a un prolongement, celui-ci pourra éventuellement s’inscrire dans le cadre du projet FAIR. Alors que le CERN explore les frontières des hautes énergies, le projet X repoussera les frontières des hautes intensités. Et il y aura forcément des complémentarités entre le projet JPARC et un programme SPL/PS2 potentiel.

L’atelier aura lieu du 10 au 13 mai et de nombreux prolongements sont prévus: un atelier de suivi consacré à la physique des neutrinos, par exemple, est déjà programmé pour le mois d’octobre. Je me réjouis à la perspective d’un foisonnement d’idées ambitieuses pour l’avenir de la physique des particules et du CERN.

Rolf-Dieter Heuer