Les routes de la science sont plus escarpées pour les femmes


Quelques ambassadrices du programme SET-Routes, encourageant les étudiantes dans les voies scientifiques, se sont retrouvées au CERN.


Une conférence Insight par Sabine Hentze, docteur en génétique humaine, lors d’une conférence donnée devant un public jeune à l’EMBL en septembre 2008.


Une animation menée par Angela Berkesi, ambassadrice du programme SET-Routes, dans un établissement scolaire hongrois.

Solveig, Manuela, Angela, Fay ou Mirana sont de nationalités différentes, travaillent dans des domaines différents, mais elles ont un point commun. Ce sont de jeunes femmes scientifiques qui ont envie de partager leur vocation avec des écoliers, des collégiens et des lycéens de leurs pays. Elles sont parmi les ambassadrices qui ont participé au programme SET-Routes au cours des deux dernières années. Les 23 et 24 avril derniers, une vingtaine de ces ambassadrices se sont retrouvées au CERN pour échanger leurs idées et leurs expériences. Une sorte de bilan pour clore le projet.

Le programme SET-Routes (qui signifie les routes des sciences, de l’ingénierie et des technologies) a été lancé en 2007 par l’EMBL (Laboratoire européen de biologie moléculaire), l’EMBO (Organisation européenne de biologie moléculaire) et le CERN (groupe Éducation). Il vise à encourager les jeunes femmes à poursuivre des études et des carrières scientifiques. Financé par la Commission européenne, il a consisté à mettre en place un réseau de femmes scientifiques, jeunes ou expérimentées, jouant les rôles d’ambassadrices dans les établissements scolaires et universitaires d’une vingtaine de pays d’Europe. Une centaine d’ambassadrices se sont ainsi rendues dans des établissements pour parler de leurs pratiques scientifiques, communiquer leur passion pour leur métier.

Malgré une augmentation de leur présence, les femmes restent largement minoritaires dans les milieux scientifiques. Et leur présence s’amenuise à mesure que l’on grimpe dans les échelles de responsabilité. «En France, les femmes représentent 55% des lauréats de baccalauréats scientifiques et techniques, pourtant elles ne sont plus que 25% dans les classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques et ne représentent plus que 17% des ingénieurs», explique Yvette Ramos, de l’association française «Femmes ingénieurs», qui a donné une conférence lors de la session finale du programme SET-Routes. Ce n’est pas seulement la France, mais toute l’Europe qui pâtit de ce déficit féminin dans les sphères scientifiques. Plus de la moitié des étudiants européens sont des… étudiantes. Pourtant, les femmes ne représentent plus que 15% des professeurs. Ce fossé peine à se combler et les raisons sont multiples. Au premier rang d’entre elles se placent les stéréotypes influençant les sociétés. Qui n’a pas entendu au moins une fois des remarques du style «les femmes doivent avant tout élever les enfants», «les garçons sont plus doués pour les sciences», etc. Ces stéréotypes tenaces poussent également les femmes à parfois réprimer leurs aspirations.

C’est justement pour combattre ces idées préconçues que les ambassadrices de SET-Routes se sont rendues dans les écoles. Angela Bekesi, jeune biologiste moléculaire de l’Académie des sciences de Hongrie, est ainsi une ambassadrice particulièrement dynamique qui a visité six établissements scolaires dans son pays. «J’ai été étonnée de voir à quel point les étudiants avaient des idées préconçues sur le travail d’un scientifique. Mais en leur expliquant mon métier et en effectuant des petites manipulations avec eux, j’ai réussi à éveiller leur intérêt. Une jeune fille est même venue faire un stage dans mon laboratoire, ce qui l’a complètement fait changer d’avis sur ses possibilités », témoigne Angela. Membre de la collaboration ATLAS, la physicienne Manuela Cirilli s’est rendue dans trois éta-blissements italiens. «Lors de mes visites, j’ai remarqué qu’à 13 ou 14 ans les filles posent autant de questions que les garçons. Mais à 18 ans, les filles ne posent plus de questions, explique-t-elle, Elles semblent influencées par la société italienne, et particulièrement par la télévision qui montre des femmes objets ne s’intéressant surtout pas à des sujets scientifiques pour les «geek». Il est donc important de montrer qu’il n’y a rien d’étonnant à être une femme et une physicienne, et qu’une physicienne peut être aussi à la mode qu’une autre.»

En plus de ces visites et de conférences-débats données dans une dizaine d’universités, SET-Routes a organisé des conférences «Insight Lectures» au cours desquelles des femmes scientifiques ont évoqué leurs parcours et leurs travaux à de jeunes publics.

SET-Routes prend fin, mais le concept perdure. «Nous avons eu des retours très positifs des ambassadrices et des élèves et c’est pourquoi nous allons poursuivre dans cette voie, explique Julia Willingale-Theune, EMBL, coordinatrice du programme SET-Routes, Nous avons déjà des activités semblables à l’EMBL. Je pense qu’il est important d’aller à la rencontre des élèves pour les sensibiliser.»

Pour plus d’informations:

Le site web de SET-Routes

L’article SET-Routes publié dans le Bulletin en 2007

European Platform of Women Scientists

Les femmes italiennes du LHC

Le 16 avril, une délégation de scientifiques italiennes qui ont travaillé sur le LHC et ses expériences ont été reçues par le Président de la République italienne Giorgio Napolitano. Cette réception a eu lieu à l’occasion de l’inauguration de l’exposition «Donne alla guida della più grande macchina mai costruita dall’uomo» (Des femmes aux manettes de la plus grande machine jamais construite par l’homme). Les photos de l’exposition ont été réalisées par Mike Struik, ingénieur du groupe TE-MSC.

Site de l’exposition