Le CERN célèbre la 100e Journée internationale de la femme

Le 8 mars, à l’occasion de la 100e Journée internationale de la femme, le CERN a organisé un colloque sur la physique des hautes énergies du point de vue sexospécifique.

 

C’est devant une salle de conférence comble qu’Hélène Goetschel, chercheuse sur la question des genres à l’université d’Uppsala, a présenté un exposé sur un thème peu habituel pour la plupart des physiciens : la sociologie. Plus précisément, sa présentation portait sur les résultats d'études menées dans le domaine de la physique des hautes énergies. « Il est encourageant de voir qu’autant de physiciens du CERN s’intéressent à l’analyse de leur communauté par des sociologues et des historiens, a déclaré Hélène Goetschel. Être mis face à ses propres attitudes en matière d’égalité des sexes n’est pas chose facile et j’applaudis quiconque s’intéresse à cette question ».

Hélène Goetschel a commencé sa carrière universitaire en physique des hautes énergies, mais elle s’est heurtée à un « plafond de verre ». En 1990, elle a décidé de se réorienter vers des études d’histoire des sciences et de s’intéresser plus particulièrement au rôle des femmes dans la discipline de ses débuts. Lors de son intervention d’une heure au CERN, Hélène a porté un regard à la fois tendre et critique sur la culture professionnelle d’un groupe de physique moderne, puis s'est prêtée à une séance de questions-réponses animée.

Parmi les travaux cités se trouvait le rapport rédigé en 1980 par la physicienne Mary Gaillard, intitulé Report on Women in Scientific Careers at CERN (rapport sur les femmes exerçant des professions scientifiques au CERN). Ce rapport dresse un sombre portrait de la vie au CERN il y a 30 ans et révèle que 86 % des physiciennes n’étaient pas payées pour leur travail à plein temps. La situation des employées du CERN s’est à l’évidence améliorée depuis cette époque, mais la chercheuse pense que des progrès restent à faire au sein de la communauté internationale de la physique : « Mes recherches montrent que le rôle des femmes dans la société en général s’est considérablement amélioré. Il est certain que les physiciennes ont à présent le droit de se départir de leur rôle traditionnel et d’être plus diversifié. Néanmoins, si l’on compare le rôle de ces dernières à celui d’autres femmes exerçant des professions dites « masculines », on se rend compte que la physique est en retard ».

Hélène Goetschel a abordé la question des « rites de passage », tradition éminemment masculine et ancrée dans la communauté de la physique, allant jusqu’à évoquer les noms masculins donnés aux expériences (TOTEM et ATLAS, par exemple). « Le fait d’entendre une analyse de ces pratiques faite par des personnes extérieures au monde de la science pourrait aider les physiciens à prendre conscience de la situation, a fait remarquer la chercheuse. Le simple fait de m’avoir invitée à parler aux physiciens du CERN constitue en soi une avancée et contribue à faire de la physique une discipline ouverte aux deux sexes ».

Un enregistrement ainsi qu'une présentation du colloque est disponible sur Indico.

par Katarina Anthony