Vague de chaleur sur le CERN

Ça chauffe aux bâtiments 201 et 860 ! Ça surchauffe même. Panique ? Pas le moins du monde, puisqu’il s’agit des deux chaufferies du CERN. Respectivement situées à Meyrin et Prévessin, elles assurent à elles seules le chauffage de la totalité des bâtiments de ces deux sites.

 

Vue des trois chaudières et de la salle de contrôle de la chaufferie du site de Meyrin.

Constituées chacune de trois chaudières au gaz* – avec des générateurs de 15 mégawatts à Meyrin, et de 5 mégawatts à Prévessin – les deux chaufferies du CERN injectent une eau sous pression, surchauffée à 125 degrés, dans plusieurs kilomètres de tuyauterie - 22 kilomètres à Meyrin, 5 à Prévessin. « La plupart du temps, on se contente d’une seule chaudière, mais dans les périodes de grand froid, une deuxième démarre automatiquement. La troisième, quant à elle, est une chaudière de secours », indique Christophe Martel, responsable des installations de chauffage et climatisation au sein du département GS.

Chaque édifice du CERN est équipé d’une sous-station par laquelle transite cette eau surchauffée. De là, elle peut alimenter différents types de chauffage : à air chaud, comme c’est le cas dans la plupart des halls industriels ; ou à eau chaude, pour les bâtiments administratifs. Dans ce dernier cas, l’eau qui circule dans les radiateurs a une température comprise entre 40 degrés (pour les constructions récentes ayant une bonne isolation thermique) et 80 degrés.

La sécurité avant tout. « La puissance de ces chaufferies est assez exceptionnelle, précise le responsable des installations, et évidemment, les règles d’exploitation sont très strictes car la sécurité est primordiale. » Outre les contrôles semestriels effectués par les organismes officiels suisse (ASIT – Association Suisse d’Inspection Technique) à Meyrin, et français (bureau de contrôle accrédité) à Prévessin, l’équipe du département GS réalise des tests de sécurité quotidiennement et vérifie toutes les fonctions de base du système d’autocontrôle de chaque chaudière toutes les 72 heures à Meyrin et 24 heures à Prévessin. « Sur le site français, nous allons ajouter deux automatismes de sécurité pour pouvoir passer à un autocontrôle toutes les 72 heures au lieu de 24, ajoute Christophe Martel. Il faut pour cela que le bureau de contrôle français valide les changements. Mais si tout se passe bien, ils devraient être effectifs avant l’été. »

Les trois chaudières de la chaufferie du site de Meyrin.

Économies d’énergie. Dans un souci d’optimisation, les brûleurs des chaudières principales des deux sites ont subi quelques modifications. Si celui du site de Prévessin a dû être remplacé, celui de Meyrin a pu être re-paramétré. Désormais, la combustion est analysée en temps réel grâce aux mesures de concentrations en CO, CO2, O2, NO et SO2, de façon à pouvoir piloter le brûleur à chaque instant pour limiter le débit de gaz au minimum : « Tous les paramètres des installations sont analysés en temps réel, explique Christophe Martel. Grâce à ce suivi et à une parfaite optimisation, nous avons pu atteindre des réductions de puissance de plus de 10% à pleine charge. » Les chaufferies n’étant généralement en service que de septembre à mai, l’équipe du département GS profitera de la prochaine coupure estivale pour optimiser deux chaudières supplémentaires.


*Les chaudières de Meyrin sont approvisionnées en gaz par les Services Industriels de Genève. Celles de Prévessin sont alimentées par Gaz de France (GDF). La consommation en gaz totale du CERN pour l'année 2010 a été d'environ 90 GWh.

par Anaïs Schaeffer