Des bases concrètes pour la paix

La semaine dernière, le Conseil des ministres israélien a accepté qu’Israël devienne membre du CERN, amorçant ainsi l’adhésion d’Israël et l'élargissement géographique du CERN. En application des dispositions approuvées l’année dernière, le Conseil doit encore octroyer à Israël le statut d'État membre associé, un préalable obligatoire à l'adhésion, puis celui d'État membre, et définir un calendrier pour cette adhésion. L’octroi du statut d'État membre associé à Israël pourrait toutefois se faire cette année. Je me réjouis à cette perspective.

 

La participation d’Israël aux activités du CERN ne date pas d’hier. Cet État a reçu le statut d’observateur en 1991 et, depuis lors, il contribue volontairement aux activités de l’Organisation ainsi qu’à sa richesse intellectuelle. Des instituts israéliens participent également au programme des étudiants d’été, permettant ainsi à des étudiants israéliens mais aussi palestiniens de venir dans notre Laboratoire. J’ai entendu dire que l'une des meilleures soirées organisées au CERN ces dernières années fut celle des étudiants d'été israéliens et palestiniens. Quel beau message ces jeunes envoient au monde !

Les initiatives de ce genre sont aussi notre raison d’être. Lors de sa création, en 1954, le CERN a été investi d’une double mission : mener des recherches d’excellence en Europe et encourager grâce à la science une collaboration internationale pacifique. Clairvoyants, les pères fondateurs de l’Organisation avaient compris que la science transcende toutes les frontières et que favoriser les liens entre chercheurs peut contribuer sensiblement à la compréhension mutuelle à l’échelle internationale. Et tel a été le cas.

L’adhésion d’Israël au CERN sera un pas de plus vers la réalisation des idéaux de notre Laboratoire. Les scientifiques israéliens pourront tirer parti du CERN et vice versa. Par ailleurs, je suis profondément convaincu qu’une collaboration avec les milieux universitaires d’Israël et de ses pays voisins arabes peut contribuer à la paix au Moyen-Orient. C’est là une politique que le CERN mène activement.

En matière de collaboration, le CERN est, et a toujours été, ouvert à tous les universitaires, où qu’ils soient dans le monde. Cette attitude enrichit la vie intellectuelle du Laboratoire et montre au monde ce qu’il est possible de faire en s’ouvrant à la collaboration. L’intégration par le monde universitaire est la clé de la compréhension entre les peuples, et elle jette des bases concrètes pour la paix.

 

 Rolf Heuer