Le début de la moisson

La première grande conférence d’été de physique des particules vient de démarrer cette semaine à Grenoble. Après la conférence Quark-Matter, la conférence Europhysics sur la physique des hautes énergies marque le début d’une moisson prometteuse pour les expériences du LHC.

 

Pour la première fois, les collaborations vont présenter leurs derniers résultats basés sur toute la luminosité accumulée jusqu’à la fin juin et fournissant des précisions accrues sur de nombreuses mesures. Grâce aux excellentes performances du LHC, les expériences ont déjà accumulé une quantité de données conséquente, leur permettant de repousser les limites et d’affiner les mesures dans de nombreux domaines, allant de la physique sur les quarks B à la quête du boson de Higgs en passant par celle de la matière noire. A l’heure où vous lisez ces lignes, les collaborations du LHC présenteront ces nouveaux résultats dans une gamme d’énergie qui n’avait jamais été explorée.

J’ai félicité toutes les équipes qui ont fait fonctionner le LHC en un temps record avec une grande efficacité. Je voudrais aujourd’hui saluer l’immense travail des physiciens expérimentaux qui sont parvenus à finaliser des analyses avec des données tout juste récoltées et dans un laps de temps inédit. Les collaborations ont travaillé d’arrache-pied jusqu’à la dernière minute pour pouvoir présenter des résultats probants lors de cette conférence. C’est un remarquable exploit, atteint également grâce aux excellentes performances de la Grille de calcul.

Certes, la plupart des résultats qui sont présentés cette semaine ne devraient pas être perçus comme spectaculaires par le grand public. Mais pour les physiciens, gagner une décimale dans une mesure de précision ou repousser des limites de physique, c’est une réussite significative. Les connaissances scientifiques se bâtissent également avec ces petites pierres posées les unes sur les autres. Ce travail long et minutieux est absolument essentiel. Il y a là une différence de perception qu’il est important de discerner et de prendre en compte.

De surcroît, si ces résultats sont déjà très intéressants, ils constituent également des bases solides pour les découvertes à venir. Les données analysées jusqu’ici correspondent à un dixième de la quantité totale de données que nous espérons collecter d’ici à la fin 2012. Notre discipline, qui se focalise sur des phénomènes excessivement rares, requiert beaucoup de statistique. Il faudra donc encore attendre pour obtenir des réponses complètes sur le boson de Higgs, par exemple, ou pour identifier et comprendre des indices pointant vers une physique au-delà du Modèle standard comme la supersymétrie. Je suis persuadé que des découvertes spectaculaires surviendront. Pour l’heure, les physiciens récoltent, trient et continuent patiemment à accumuler les données.

 

 Rolf Heuer