Un autre regard sur le CERN

Si la plupart des étudiants présents au CERN se consaerent à des projets dans le domaine de la physique, de l’ingénierie ou des technologies de l’information, pour certains d’entre eux, le CERN est un sujet de recherche dans d’autres domaines. Pour obtenir leur diplôme, Larissa Kuchina, étudiante en graphisme, et Jérôme Wohlschlag, étudiant en architecture, qui ont soutenu leur projet dernièrement, se sont penchés sur des aspects méconnus du laboratoire. Tous deux offrent un point de vue intéressant sur l’Organisation, qui ne correspond pas nécessairement à l’idée que nous nous en faisons habituellement.

 

En haut : vue aérienne prise en 1961, site du CERN (archive CERN).

En bas : photo de la maquette du projet de Master.

Étudiant à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, Jérôme a consacré son mémoire de Master au CERN. Jérôme, dont le projet a été réalisé avec l’aide du laboratoire TSAM (Techniques et Sauvegarde de l’Architecture Moderne) dirigé par le Professeur Franz Graf, s’est intéressé à l’entretien et à l’extension des bâtiments principaux du CERN, qui ont été conçus et construits à la fin des années 1950 par les figures de proue de l’architecture suisse moderne. « À partir des dessins de Rudolf Steiger sur les premières étapes de la construction, je suis parvenu à montrer que le site se prêtait particulièrement bien à la réhabilitation, explique-t-il. Le projet a révélé un héritage architectural jusqu’à présent inconnu. De plus, en fondant notre démarche sur les premières étapes de la construction, nous avons pu mettre au point un projet d’extension conforme aux exigences de l’architecture d’aujourd’hui. »

Le domaine du CERN, avec ses bâtiments hétéroclites et son agencement peu orthodoxe, peut sembler intimidant. « Au départ, le domaine était pour moi un labyrinthe mystérieux, explique Jérôme. Mais en commençant à étudier l’histoire de sa planification urbaine et architecturale, je m’y suis habitué, et j’ai pu apprécier la qualité de la construction d’origine. » Néanmoins, il faut souvent du temps pour se familiariser avec le site du CERN.

Un exemple d'élément qui pourrait aider à retrouver son chemin sur le site du CERN.

Larissa Kuchina a présenté, dans le cadre de son bachelor à la Haute école d’art et de design de Genève, un projet qui apporte une possibilité de réponse au problème. En partant de l’idée que les particules fondamentales sont les plus petites entités de l’Univers, elle a élaboré le projet « CERN. Signalétique et identité du lieu », un nouveau système en parfaite adéquation avec l’identité du CERN, qui permet de se repérer dans le dédale d’ateliers, d’expériences et de bâtiments administratifs.

« En graphisme, la plus petite entité est le point visible, j’ai donc décidé de faire de la particule un point pour rendre visible et plus humain quelque chose d’invisible, explique-t-elle. Ce sont les particules fondamentales étudiées au CERN qui sont à l’origine des structures qui nous entourent ; j’ai donc conçu un motif composé de points de différentes tailles comme élément de base pour chaque élément graphique. » Ce motif sert à former l’arrière-plan de chacun des éléments du système de repérage que Larissa a proposé de faire ériger sur les sites de Meyrin et Prévessin.

Le « faisceau » bleu tel qu'il apparaîtrait dans le couloir du Service de presse (bâtiment 50). 

Chacun de ces éléments renvoie à une nouvelle carte qui permet aux visiteurs de trouver les bâtiments plus facilement. « J’ai beaucoup travaillé sur le plan du CERN, car il est indispensable pour trouver son chemin, explique Larissa. Je l’ai rendu plus lisible et plus clair en divisant Meyrin en cinq zones et en adoptant un code de couleur pour celles-ci suivant leur fonction. » Elle a également proposé de remplacer la ligne noire qui guide les visiteurs de la réception au bâtiment principal par un « faisceau » de petites particules bleues et de flèches peintes sur le sol permettant aux visiteurs de ne pas se perdre en chemin.

La créativité est une qualité partagée par de nombreux étudiants. Quels que soient leur domaine de spécialité et le métier auquel ils se destinent, tous ont le potentiel de faire souffler un vent de fraîcheur sur notre Laboratoire en y apportant de nouvelles idées. 

par Jordan Juras