Passage du témoin
La semaine dernière, en Corée du Sud, les témoins passaient de main en main. Et, pendant que les meilleurs athlètes du monde s'affrontaient dans un championnat, les meilleurs spécialistes des accélérateurs étaient en route pour Saint-Sébastien, en Espagne, où se tenait la Conférence internationale sur les accélérateurs de particules. L’un d’eux s’apprêtait également à passer le témoin, dans un domaine bien différent de l’athlétisme.
Le passage du témoin de la frontière des hautes énergies entre Vladimir Shiltsev, du Fermilab, et Mike Lamont, du CERN, marque la fin d’une époque et c’est l’occasion de saluer la formidable contribution que le Tevatron a apportée à la physique des particules au long de ses 25 années de fonctionnement, et l’apport exceptionnel du Fermilab à la collaboration mondiale dans le domaine de la physique des particules pendant cette période. Le passage du témoin est toujours un moment fort en émotion. En athlétisme, il y a l’euphorie de la victoire ou la désillusion de la défaite. Il n’était pas question de cela lors de cette transmission particulière. C’était plutôt un fort sentiment d’amitié et de solidarité qui dominait. Il ne s’agissait pas de songer à la victoire ou à la défaite, mais de travailler ensemble pour le bien de tous.
Lorsque le Tevatron extraira son dernier faisceau ce mois-ci, le LHC se retrouvera seul à la frontière des hautes énergies de la physique des particules et, comme le savent si bien nos amis du Fermilab, cela représente une lourde responsabilité. Fermilab se tournera alors vers le projet X, une entreprise ambitieuse visant à développer des faisceaux de particules encore plus intenses. Ce travail sera vital pour le développement de notre discipline, à l’heure où nos recherches portent sur des phénomènes de plus en plus rares. L’année prochaine sera cruciale pour le projet X et, au moment d’accepter le témoin que nous tend Fermilab, nous tenons à leur souhaiter beaucoup de réussite à la frontière des hautes intensités.
Rolf Heuer
