Une famille f(e)rmidable

Début octobre, Olivia Fermi, la petite-fille du prix Nobel de physique Enrico Fermi, a visité le CERN. Deuxième étape de son « pèlerinage nucléaire », le Laboratoire lui a permis d’aller à la rencontre des physiciens qui, selon ses dires, seraient de bien étranges oiseaux…

 

Olivia Fermi, photographiée devant le Globe de l'innovation à l'occasion de sa visite au CERN.

Olivia Fermi est sur la piste du neutron. Marqué par une visite en Italie, le 29 septembre dernier, à l’occasion des 110 ans de la naissance d’Enrico Fermi, son projet - baptisé On the Neutron Trail et inspiré par ses grands-parents, Enrico et Laura Fermi - est une sorte de pèlerinage à travers l’histoire de la physique nucléaire. Du futur Centre Fermi à Rome (actuellement en construction), ville où Enrico Fermi fit certaines de ses plus importantes découvertes, à Hiroshima, où fut larguée la première bombe atomique, en passant par le Fermilab et, bien sûr, par le CERN,  Olivia s'est lancée dans un long périple.

Olivia Fermi est photographe. Pendant deux jours, les 3 et 4 octobre derniers, elle a visité le CERN où elle est allée à la rencontre des physiciens. Elle en a aussi profité pour prendre quelques clichés en vue d’une possible collaboration artistique avec l’Organisation, et c’est à travers son regard d’artiste (et son objectif) qu’elle a découvert plusieurs expériences et lieux-clés du site : le centre de contrôle du CERN (CCC), mais aussi, SM18, nTof, Isolde et ATLAS. « Le CERN est l’étape de « science pure » de mon Neutron Trail ! C’était intéressant de voir ces expériences, confie Olivia. Et de constater qu’il y a une relation directe entre le travail de mon grand-père et ce qui se passe ici aujourd’hui. »

Naturellement attirée par les sciences sociales, Olivia a également profité de sa présence au CERN pour rencontrer les membres du groupe ConCERNed, avec lesquels elle a pu échanger et aborder diverses questions : « Nous avons parlé de ce que signifie le terme 'communauté' au CERN, raconte Olivia. Chaque physicien est si singulier… c’est une population formidable ! Aller à leur rencontre, c’est comme aller au Brésil et voir des oiseaux exotiques ! Je pense qu’il serait intéressant de créer un projet artistique autour de cette question de communauté, et sur ce que veut dire être « vivant », sur le sens qu’a la vie quand on est physicien. J’ai quelques idées sur la façon d’explorer ce thème… mais je ne vous en dirai pas plus pour le moment ! »

Disparu à l’âge de 53 ans, Enrico Fermi n’a pas connu sa petite-fille, ce qui, comme cette dernière le souligne, ne l’a pas empêché d’exercer sur elle « une très grande influence. »  Pas de doute là-dessus ! Pourquoi, sinon, serait-elle sur la piste du neutron ?...

 

Enrico Fermi, prix Nobel de physique en 1938

Enrico Fermi est né à Rome en 1901. A 17 ans, il intègre l’École normale supérieure de Pise ; il quittera l’Université de Pise en 1922, après l’obtention d’un doctorat en physique. En 1924, il devient professeur de physique mathématiques et mécanique à l’Université de Florence, poste qu’il occupera deux ans.

En 1926, il élabore des lois statistiques connues aujourd’hui sous le nom de « Statistiques de Fermi-Dirac ». Ces lois permettent de comprendre le comportement des fermions (particules soumises au principe d’exclusion de Pauli), tels que les électrons. En 1927, Fermi est élu professeur de physique théorique à l’Université de Rome.

En 1934, il établit la théorie de la désintégration ß, conciliant ainsi les précédents travaux sur la théorie de la radiation avec ceux de Pauli sur le neutrino. Suite à la découverte de la radioactivité artificielle par Frédéric Joliot et Irène Curie cette année-là, il démontre que, lorsqu’ils sont bombardés par des neutrons, la plupart des éléments subit une transformation nucléaire. Ce travail aboutit à la mise en évidence des neutrons lents, conduisant notamment à la découverte de la fission nucléaire.

Quatre ans plus tard, Enrico Fermi est récompensé par le Prix Nobel de physique pour son travail sur la radioactivité artificielle produite par les neutrons, et sur les réactions nucléaires provoquées par les neutrons lents.

En 1946, il accepte une chaire à l’Institut d’études nucléaires de l’Université de Chicago, une position qu’il tiendra jusqu’à sa mort, en 1954.

Vous pouvez consulter la biographie plus complète d’Enrico Fermi (basée sur Nobel Lectures, Physics 1922-1941, Elsevier Publishing Company, Amsterdam, 1965) sur le site officiel du prix Nobel.

 

par Anaïs Schaeffer