La science en mode développement durable

Les centres de recherche scientifique et les installations à grande échelle sont, par définition, de grands consommateurs d’énergie. Mais comment la science avec un grand « S » peut-elle améliorer la gestion de cette énergie et, éventuellement, se rallier à la cause environnementale à travers de nouvelles « cleantech » ? L’engagement du CERN dans la recherche de réponses tangibles à cette question a été concrétisé à l’occasion du premier atelier sur la gestion de l’énergie des infrastructures scientifiques à grande échelle, qui s’est tenu à Lund, en Suède, les 13 et 14 octobre derniers.

 

Les participants de l'atelier sur la gestion de l'énergie des infrastructures scientifiques à grande échelle.

L’atelier, co-organisé par l'European Spallation Source (ESS) et l'European Association of National Research Facilities (ERF), a attaqué de front le problème des questions énergétiques en relation avec la politique des sciences et technologies. Cet atelier a rassemblé plus de 150 représentants des Infrastructures de recherche (RI), et des experts en énergie d’Europe et d’Amérique du Nord.

« Sans que cela compromette nos projets scientifiques, nous pouvons changer notre façon de gérer l’énergie, et améliorer l’efficacité et la récupération énergétiques, souligne Frederick Bordry, chef du département Technologie du CERN, et scientifique coorganisateur de l’atelier. Aujourd’hui, il est clair que la consommation énergétique est un paramètre crucial dans la conception de nouveaux projets scientifiques. Par exemple, l’un des défis du projet CLIC est de réduire drastiquement la consommation énergétique, et d’en améliorer la récupération. »

Les participants de cet atelier ont reconnu la nécessité de bien évaluer la consommation énergétique de chaque laboratoire en établissant une carte de la consommation énergétique existante et potentielle. Dans ce but, le CERN a récemment nommé Helfried Burckhart comme premier « Coordinateur Énergie ». Membre du département GS, Helfried aura pour mission, entre autres, de recueillir des renseignements et de conduire un audit quantitatif sur toutes les formes d’énergie utilisées au CERN. Il déterminera également les possibilités d’économie d’énergie, fera des propositions pour utiliser les énergies renouvelables, et sera la personne à contacter pour les requêtes extérieures.

La science n’est pas seulement une grande consommatrice d’énergie : les technologies qui émergent de la construction et de l’exploitation des accélérateurs de particules peuvent en effet être développées d’avantage et utilisées, par exemple, pour récupérer l’énergie ou produire de l’énergie à partir de sources renouvelables. « Dans cette optique, le CERN a un important rôle à jouer, ajoute Frederick Bordry. Cet atelier était aussi une bonne occasion pour les ingénieurs du CERN de présenter des technologies qui peuvent être utilisées au bénéfice de l’environnement. »

Les deux jours de discussions sur la qualité de l’énergie et son efficacité, sa récupération et les « cleantech » se sont conclus sur un souhait unanime, celui d’avoir d’avantage l’opportunité de partager les connaissances sur ces sujets. «  Le CERN est candidat pour accueillir le second atelier sur la gestion de l’énergie, dans deux ans, annonce Bordry. Cela pourrait être l’occasion, pour nous, d’aider à développer une approche commune de la gestion de l’énergie pour les installations à grande échelle. »

par Marina Giampietro