Des données plus rapides que jamais

En utilisant des ordinateurs standards et des câbles de fibre optique commercialisés, des chercheurs de l’Institut de technologie de Californie (Caltech), de l’Université de Victoria, de l’Université du Michigan, du CERN et de l’Université internationale de Floride ont battu le record du monde de vitesse pour le transfert de données du LHC. Ils ont attiré l’attention de plusieurs collaborations de physique des hautes énergies (dont celles du LHC), toujours en quête de meilleures technologies pour la communication de leurs résultats.

 

Le matériel utilisé par l'équipe de Caltech pour battre le record de transfert de données.

Lors de la conférence SuperComputing 2011 (SC11), qui s’est tenue en novembre dernier à Seattle, l’équipe de Caltech a envoyé des données LHC entre l’Université de Victoria et le hall d’exposition de Seattle, dans les deux sens, au débit de 186 gigabits par seconde (Gb/s) sur un circuit 100 Gb/s fourni par CANARIE et BCnet : un débit dix fois plus élevé que sur les circuits 10 Gb/s actuellement en place entre le CERN et chacun des 11 centres de niveau 1 de la Grille de calcul, qui reçoivent des données du LHC. Pas étonnant que le résultat ait fait la une dans le milieu des technologies de l'information !

« Ce qui est extraordinaire dans l’expérience de Caltech, c’est l’utilisation d’une technologie "standard",  c’est-à-dire de ressources informatiques commercialisées, pour la conception soignée d’un système couvrant toute la chaîne de communication, explique David Foster, adjoint du chef du département IT et participant de la conférence SC11. Tandis que la technologie térabit (qui correspond à un débit de 1024 Gb/s)  fait l’objet d’une démonstration dans des conditions de laboratoire, la technologie 100 Gb/s est en train de s'imposer sur le marché de masse. L’équipe de Caltech a combiné ce matériel standard avec un logiciel des plus avancés pour fournir des résultats de pointe. Le CERN déploie déjà des circuits de 100 Gbps en interne, et en fera de même à l'échelle internationale cette année. »

Le transfert de données d’un lieu à un autre exige beaucoup plus qu’un simple câble de réseau haut débit : il faut tout un système de composantes comprenant des ordinateurs, des interfaces, des disques et des logiciels, qui doivent être réglés pour fonctionner ensemble efficacement. Augmenter la bande passante du réseau ne suffit pas pour obtenir d’excellents débits de transfert de données. L’équipe de Caltech a adopté cette « approche globale » pour résoudre le problème du transfert de données et a obtenu ces résultats records.

Cette démonstration décisive pourrait être d’une grande portée pour les expériences LHC et d'autres expériences de physique des hautes énergies du monde entier. L’année dernière, le LHC a produit plus de 22 Po de données expérimentales, soit l'équivalent de plus de 5,5 millions de DVD de données, alors qu'on en avait prévu 15 Po. Si la production de données continue d'augmenter, le débit de transfert entre le CERN et ses instituts partenaires devra en faire de même.

« Nous suivons toujours de très près ce type de démonstration, explique David Foster. En collaborant avec des instituts comme Caltech et l’Université de Victoria pour améliorer la technologie du transfert de données, nous pourrons ajuster et améliorer la manière de distribuer les données aux instituts partenaires. »

par Katarina Anthony