Mettre la science à l’ordre du jour

Être Directeur général du CERN implique beaucoup de responsabilités, particulièrement en ce moment. Nous traversons une période exceptionnelle pour la science. Des signes d’éclaircie sous la forme d’un regain d'intérêt pour les sciences physiques dans les universités et d’une curiosité sans précédent de la part du grand public à l’égard du LHC se mêlent aux remous d’une crise économique qui perdure et qui comprime tous les budgets.

 

En d’autres termes, la science doit faire entendre sa voix si elle veut conserver ses soutiens et être en mesure de jouer le rôle qui lui revient pour relever les grands défis de la société contemporaine.

C’est la raison pour laquelle on ne m’a pas beaucoup vu au CERN ces derniers temps. La semaine passée, j’étais à Davos pour la réunion annuelle du Forum économique mondial. C’est la deuxième fois que j'y suis invité et j’en ai profité pour faire valoir que la science devrait être associée plus étroitement aux thèmes politiques de la réunion. Je pense avoir été entendu et je m’efforcerai de promouvoir cette idée auprès du Forum économique mondial avant sa prochaine réunion de l’an prochain.

En début de semaine, j’étais à Bruxelles pour participer aux discussions sur l’Espace européen de la recherche. Le CERN est un bel exemple de ce que l’Europe réussit à faire lorsqu’elle unit ses ressources et ses talents scientifiques au service d’un projet commun. Mercredi, ce fut Copenhague, pour une réunion informelle des ministres européens du Conseil Compétitivité, organisée dans le cadre de la présidence danoise de l’UE. Les discussions ont porté sur le prochain programme-cadre (Horizon 2020). Le CERN a participé à la définition des étapes de planification de ce programme et notre discipline devrait en profiter. Enfin, je termine la semaine à Oxford, où je participe à une réunion du Comité directeur pour le collisionneur linéaire international et du Comité international sur les futurs accélérateurs, où il est question de l’avenir à long terme de la physique mondiale des particules.

Cette semaine est certes inhabituelle, mais elle est importante. L’économie mondiale est peut-être en plein marasme, mais l'intérêt croissant des jeunes pour la science constitue une partie de la solution. Il nous reste à faire en sorte que ceux qui prennent les décisions sur le rôle futur de la science et de la technologie aient pleinement conscience de ses enjeux.

Rolf Heuer


Regardez l'interview vidéo de Rolf Heuer réalisée par Edie Lush pour Hub Culture lors du forum de Davos.