Le coin de l’Ombuds : les incivilités au travail

Dans cette série, le Bulletin a pour but de mieux expliquer le rôle de l'Ombuds au CERN en présentant des exemples concrets de situations de malentendus qui auraient pu être résolus par l'Ombuds s'il avait été contacté plus tôt. Notez que les noms, dans toutes les situations que nous présentons, sont imaginaires et utilisés dans le but de simplifier la compréhension.

 

En 2011, plusieurs chroniques ont été publiées dans le Canadian HR Reporter par Sharone Bar-David sur le sujet de l’incivilité sur le lieu de travail – que je vous engage à parcourir ici. Elles peuvent nous éclairer sur l’une des problématiques internes au CERN : que se passe-t-il en cas de violation du Code de conduite, ce à quoi nous pouvons être confronté chaque jour ? De telles incivilités peuvent échapper au radar de l’Organisation, sans jamais déclencher l’intervention administrative ou disciplinaire prévue dans le Statut et règlement du personnel du CERN. Cependant, si des écarts de comportement et de respect sont tolérés, et que rien n’est fait à ce propos, cela créera non seulement un climat nuisible, mais cela pourra s’inscrire dans notre culture au cours du temps. Les gens finiront simplement par croire qu’un tel comportement est admissible et « normal ». Si la partie visible de l’iceberg peut être bien identifiée à travers des brimades ou des abus d’autorité, sa partie immergée, elle, est bien plus grande et inclut toutes les incivilités pour lesquelles nous n’avons aucune politique administrative stricte. Cependant, elles engendreront un climat de travail qui favorisera l’émergence de violations plus sévères.

Quelles sont ces incivilités ? Permettez-moi de vous en suggérer quelques exemples :

- Chaque matin, lorsqu’il arrive au travail, Paul* passe dans son groupe, le sourire aux lèvres, dit bonjour à tout le monde, serre la main à quelques personnes, et s’enquiert des éventuelles questions ayant surgi depuis la veille. Un jour, pour une raison inconnue, Paul exclut deux de ses collaborateurs de sa visite régulière : il ne leur dit pas bonjour, n’entra pas dans leur bureau et agit comme s’ils étaient absents, les ignorant totalement. De plus, Paul ne les invita plus à prendre l’habituel café hebdomadaire du groupe, déclarant simplement que « s’ils veulent venir, ils savent où c’est ! » Ces deux collaborateurs se retrouvèrent alors socialement exclus.

- Jeff* a l’habitude de faire des plaisanteries sur ses collaborateurs, rien de vraiment offensant. Cependant, ses plaisanteries sont ambiguës : impossible de dire si ce sont de réelles plaisanteries, ou si Jeff s’en sert pour faire passer un message. Ses collaborateurs commencent à se sentir mal à l’aise et deviennent suspicieux à son égard.

- Don* passe beaucoup de temps dans les couloirs, il croit que c’est une bonne façon d’avoir des discussions informelles avec ses collaborateurs. À ces occasions, Don peut également répandre des rumeurs sur les gens, rien de bien insultant, mais suffisamment pour mettre à découvert des histoires et des ragots, ne se souciant d’aucune confidentialité. L’ennui, c’est que chacun dans le couloir peut entendre ce qu’il dit. Une fois, par exemple, au sujet d’un récent entretien d’embauche, il jeta : « Oh ! Je sais qui obtiendra ce job ! » Imaginez les conséquences sur le groupe.

- Parmi d’autres mauvaises habitudes, on peut trouver le fait de s’approprier le travail de quelqu’un d’autre sans aucune référence, avoir une attitude inappropriée dans un meeting lorsque quelqu’un d’autre parle, comme hausser les épaules, regarder le plafond de façon ostentatoire, rouler des yeux (ce qui est malheureusement une attitude répandue) ou bailler bruyamment.

Le CERN ne dispose d’aucune procédure administrative contre ces incivilités. Elles sont impossibles à prévenir. Une bonne règle est d’y prêter attention nous-mêmes, de ne pas propager de telles violations du Code de conduite, qui encouragent un environnement de travail irrespectueux.

Conclusion :
Le Code de conduite du CERN est pour nous une motivation pour agir en ayant un comportement respectueux. Beaucoup de « violations » journalières, même si elles n’apparaissent pas comme malicieuses, sont extrêmement dangereuses pour la qualité de notre environnement de travail, car elles poussent à croire qu’un tel comportement est autorisé, quand il ne l’est aucunement. Plus la partie immergée de l’iceberg est importante, plus elle favorisera l’émergence d’une partie visible plus haute et plus grande. Ainsi, un comportement non respectueux sous la surface des eaux augmentera les possibilités d’abus, de harcèlement et de mauvais climat au sein de notre Organisation, ce qui est inacceptable et nuisible pour le personnel du CERN, son efficacité et son image. Les violations « plus légères » de notre Code de Conduite le sont également.

Souvenez-vous que l’Ombuds, selon les termes de son mandat, est là pour donner des conseils sur le Code de conduite.

* Les noms et le scénario sont purement imaginaires.

Adressez-vous à l’Ombuds sans attendre !

 

par Vincent Vuillemin