Une alliance fructueuse

La conférence ICTR-PHE 2012, qui a fermé ses portes aujourd’hui après cinq jours d’effervescence, a consacré l’alliance entre la communauté de physique et celle de médecine. Nous avons fait du chemin depuis 1977, l’année où le physicien David Townsend prenait les premiers clichés TEP d’une petite souris. Aujourd’hui, les physiciens élaborent de nouvelles technologies de détection pour lesquelles les médecins trouvent des applications cliniques dans des domaines qui vont au-delà du traitement du cancer. Plusieurs améliorations solides et novatrices des soins médicaux sont en cours.

 

Un nombre impressionnant de propositions ont été présentées à ICTR-PHE 2012 pour améliorer pratiquement tous les aspects du traitement du cancer. Elles vont des nouveaux détecteurs et dispositifs de lecture - à mettre en œuvre dans la prochaine génération d'instruments d'imagerie - à des équipements s’appuyant sur des accélérateurs pour produire de nouveaux isotopes à utiliser comme radiotraceurs ou comme médicaments. Et cela ne tient pas seulement au fait que les thèmes abordés à cette conférence conjointe comprenaient aussi de nouvelles applications des techniques d’imagerie TEP/CT optimisées pour les maladies cardiovasculaires.

Nous semblons nous acheminer vers une conception totalement novatrice des soins médicaux. Les instruments utilisés actuellement en imagerie médicale (TEP, TEP-CT, IRM) sont des outils puissants pour identifier les cellules malignes. Cependant, comme l’ont fait valoir les médecins qui se sont exprimés à la conférence, les tumeurs sont des maladies complexes qui exigent des solutions ponctuelles. La stratégie de traitement peut changer en fonction du métabolisme particulier et du stade métastasique du patient. Il devient impératif d’évaluer chaque cas particulier dans l’environnement médical. Et la technologie suit, voire anticipe, les besoins cliniques. Par exemple, conjuguer les techniques TEP et IRM permet aujourd'hui de fournir des informations sur la nature des tumeurs et des métastases et même sur leur métabolisme.

Parallèlement, des physiciens testent actuellement une vaste gamme de radionucléides en vue de les utiliser comme marqueurs pour des tumeurs spécifiques ou comme vecteurs pour déposer les rayonnements directement sur les cellules malignes ciblées après l’injection ou l’extraction d’un accélérateur. Ils conçoivent de nouveaux accélérateurs ou adaptent des installations existantes, une mission complémentaire qu’ils se voient assigner en sus de celle de percer les mystères fondamentaux que recèle encore l'Univers.

Le CERN était solidement représenté à la conférence ICTR-PHE 2012 grâce à ses très diverses contributions à des projets médicaux liés à la physique, financés par l’Union européenne, et à sa participation à un certain nombre de projets concernant le développement de détecteurs, de techniques de lecture et de nouvelles solutions pour accélérer les particules. Pour ainsi dire, tous les secteurs d’activités du CERN sont concernés : LEIR, ISOLDE, plusieurs groupes du département PH, le groupe Transfert de connaissances du Département des finances, les spécialistes des radiations de HSE et certainement beaucoup d’autres membres de la communauté du CERN dans son ensemble. Dans son prochain numéro, le Bulletin publiera un compte rendu plus détaillé des exposés et discussions qui ont eu lieu à la conférence, ainsi qu’une vidéo de quelques-unes des communications les plus intéressantes.

Dans sa conférence publique, Søren M. Bentzen, professeur d’oncologie humaine à l’Université du Wisconsin, a bien souligné que les physiciens seront appelés à jouer un rôle encore plus important dans le cadre des efforts pour améliorer les soins médicaux. Il a fait valoir qu’une science toute nouvelle est en train de se faire jour grâce à la collaboration et aux interactions entre la physique, la biologie, la chimie, l’informatique et d’autres sciences. Ce domaine interdisciplinaire, qu’il appelle la « biophysique clinique », applique des méthodes de recherche qui ne se pratiquent à titre indépendant dans aucune des disciplines qui y contribuent. Selon lui, les physiciens devraient y occuper une place centrale.

Pour plus d'informations, regardez la vidéo de l'interview avec le professeur Bentzen (en anglais) :


Si vous n’avez pas pu assister à la conférence publique donnée par le professeur Bentzen le 28 février dernier, visionnez l'enregistrement à cette adresse : https://cds.cern.ch/record/1428092

par Antonella Del Rosso