La formation des jeunes selon le modèle allemand

Chaque année, le CERN accueille des milliers d’étudiants du monde entier dans le cadre d’une visite d’une demi-journée au Laboratoire. Toutefois, depuis 2011, une dizaine d’élèves allemands, préalablement sélectionnés, ont la possibilité d’appréhender le CERN de manière beaucoup plus approfondie. Ils sont entièrement parrainés par le ministère allemand de l’Éducation, et encadrés par une structure dirigée par Michael Kobel à l’Université technique de Dresde. En Allemagne, cet investissement s’avère payant.

 

Des enseignants allemands participant au projet Netzwerk Teilchenwelt, en visite au CERN la semaine dernière.

Le projet, intitulé Netzwerk Teilchenwelt, concerne 23 universités allemandes, le Laboratoire DESY, plusieurs écoles et, bien sûr, le CERN. Lancé en 2010 avec une contribution du ministère allemand de la Science et de la Recherche s’élevant à près d’un million d'euros sur trois ans, le projet a déjà réuni 4 000 élèves et 500 enseignants. « Il permet aux élèves comme aux enseignants de découvrir des sujets de physique contemporaine qui ne font généralement pas partie des programmes scolaires, explique Sascha Schmeling, du département de physique du CERN, l’un des initiateurs du projet. L’expérience, qui ravit à la fois les élèves et les enseignants, a visiblement un impact extrêmement positif. Elle a également eu pour effet positif de susciter des vocations scientifiques, puisque bon nombre de participants ont ensuite décidé de suivre des cours de science, de technologie, d’ingénierie ou de mathématiques à l'université. »

Dans le cadre du programme, dix élèves de 14 à 18 ans consacrent chaque année deux semaines à la réalisation d’un projet de recherche au CERN. Un long processus de sélection précède leur séjour au Laboratoire. « Tout d’abord, les élèves prennent part à des cours spécialisés, puis certains d’entre eux deviennent tuteurs lors de ces cours », explique Anne Glück, coordinatrice de Netzwerk Teilchenwelt à Dresde. « Ensuite, un certain nombre sont choisis pour participer à un stage d'observation qui se déroule sur quatre jours au CERN. Pour finir, seuls ceux qui ont réussi toutes les étapes de la sélection et qui ont un projet de recherche intéressant peuvent postuler afin de participer à la dernière partie du programme, à savoir deux semaines au CERN, avec la possibilité d’interagir directement et en profondeur avec les scientifiques chargés de les accompagner dans la réalisation de leurs projets respectifs », ajoute Gerfried Wiener, coordinateur des activités du réseau au CERN.

Cette formation n'en est qu'à sa troisième édition, mais déjà 15 des projets de recherche sur la physique des particules menés par ces élèves ont reçu des récompenses prestigieuses en Allemagne. « Les enseignants sont très satisfaits de cette initiative et apprécient eux aussi de pouvoir venir au CERN pendant une semaine dans le cadre de leur participation au programme », déclare Sascha Schmeling. Un sentiment d’ailleurs partagé par l’un des enseignants de cette année : « Nous avons bénéficié d’un programme parfaitement orchestré, avec des conférences, des visites et des discussions de groupe. Je n’ai tout simplement pas vu le temps passer, et je me réjouis à l’idée d’intégrer tout ce que j’ai appris dans mes cours ! »

Cette année, les élèves ont profité pleinement de leur séjour. « Nous avons passé beaucoup de temps à explorer les zones d’expérimentation du CERN, notamment le LEIR et l’AD, explique Patricia Breunig. Étant donné que nos recherches concernaient souvent ces zones, les informations données nous ont été très utiles pour mener à bien nos projets. » Au CERN, les élèves se sont également délectés de certaines expériences qui n’arrivent nulle part ailleurs. « Un matin, alors que nous prenions notre petit-déjeuner, un homme très aimable, que nous avions rencontré à la cafétéria, nous a rejoint, explique Unai Fischer. Nous avons parlé avec lui de beaucoup de choses : de physique, de politique, d’éducation, etc. En fait, il s’avère que nous parlions avec le prix Nobel Jack Steinberger. » Quelle belle anecdote à raconter à ses proches !


Si vous souhaitez suivre le parcours de ces élèves dans le cadre du projet Netzwerk Teilchenwelt, consultez les pages de leur site internet, Facebook, Twitter, YouTube et du Forum.

par Antonella Del Rosso