La Métamorphose, de F. K.*

La parution du dernier Bulletin avait été marquée par le coup d’envoi de l’exploitation de la nouvelle expérience NA62. Bien entendu, pas d’expérience sans faisceau. Dans ce numéro donc, ce sont les coulisses de la production du nouveau faisceau de kaons pour NA62 qui sont mises en lumière.

 

Début de la ligne de faisceau K12, pendant la mise en place du blindage.

10-2, 10-3, 10-4, 10-5, 10-6 mbar… Envoyez les protons ! Depuis le jeudi 1er novembre, la ligne de faisceau P42 du SPS transporte à nouveau des protons sur sa cible en béryllium pour produire le faisceau K12 et ses kaons, tant attendus par la collaboration NA62. Mais ce ne fut pas une mince affaire !

Il a d’abord fallu faire place nette, en démantelant entièrement le faisceau H10 et l’expérience NA60, et en quasi-totalité l’expérience NA48. Soit 1000 tonnes d’équipement ! Ensuite, ce fut la grande remise à niveau de cette zone dont l’infrastructure datait de 1979. Tout y est passé, mettant à l’œuvre toutes les branches ou presque des départements EN et GS, ainsi que du groupe radioprotection : installation électrique, ponts roulants, distribution d’eau de refroidissement, ventilation, systèmes de contrôle et de supervision, systèmes de sécurité et de surveillance des radiations. Et même une partie du génie civil, sollicité pour déplacer une petite montagne de quelques 75 000 tonnes, en vue de la construction d’une nouvelle zone d’éjection du faisceau.

L’installation de la nouvelle ligne de faisceau K12 a alors pu commencer : aimants, collimateurs, « diagnostiques »**, et notamment, la mise en place d’une ligne de vide particulièrement critique. « En effet, explique Lau Gatignon, chef de projet pour le faisceau K12, l’étude de la décomposition des kaons produits par le faisceau K12 nécessite un niveau de vide poussé (10-6 mbar) sur un volume inhabituellement grand de 500 m3). Cela a nécessité l’emploi peu courant de grosses pompes cryogéniques. »

En surface, l’antique salle de contrôle a été refaite de fond en comble : « Nous avons poussé les murs, changé la distribution électrique, la climatisation..., ajoute François Butin, ingénieur responsable de la zone expérimentale NA62 (ECN3). Pour finir, un bon coup de peinture, et nous voilà repartis pour d’autres belles et exaltantes années de recherche ! »

Grâce à une préparation méticuleuse et un alignement impeccable, le démarrage de la nouvelle ligne de faisceau K12 a été particulièrement rapide : le jeudi 1er novembre, en à peine quelques heures, les protons étaient déjà focalisés sur la cible en béryllium de 2 mm de diamètre. Dès le lendemain, l’ensemble des détecteurs de NA62 était traversé par un faisceau d’excellente qualité. Le programme de calibration de l’expérience pouvait désormais commencer !

Et François et Lau de conclure : « Il nous faut remercier chaleureusement toutes les équipes techniques des départements BE, EN, GS et TE, qui ont fait un travail remarquable, ainsi que les groupes PH, avec qui nous avons collaboré étroitement. »


*Faisceau K12.
**Il s’agit de stations de contrôle permettant d’établir le « diagnostique » du faisceau, autrement dit, d’évaluer tous ses paramètres.

par CERN Bulletin