Changez d’air !

Pendant le LS1, les équipes en charge des systèmes de refroidissement et de ventilation des accélérateurs du CERN vont effectuer la maintenance de tous leurs équipements. Entre remplacement de systèmes complets, améliorations ou remises à niveau, les prochains mois s’annoncent laborieux.

 

Installation d’un ventilateur de tour de refroidissement au Point 6 du LHC, en 2009. Une opération similaire sera réalisée d'ici quelques semaines.

Au CERN, le groupe Refroidissement et ventilation (CV pour Cooling and Ventilation) est en charge de l’opération et de la maintenance des systèmes de refroidissement, stations de pompage, installations de conditionnement d’air et systèmes de distribution de fluides pour le Centre de calcul du CERN, le PS, le SPS, le LHC, et leurs zones d’expérimentation. Ces systèmes sont plus indispensables les uns que les autres, et leur maintenance est loin d’être une mince affaire. En effet, en période d’exploitation, les trop courts arrêts techniques rendent impossible toute intervention de maintenance majeure ; interventions, si elles ne durent que quelques jours, ont des conséquences de plusieurs semaines sur toutes les installations en aval, cryogénie en tête.

C’est pourquoi le LS1, période d’effervescence pour toutes les équipes du CERN, est aussi un moment crucial pour le groupe CV. « Pendant ce long arrêt technique, nous devons remettre à niveau tous nos équipements, sur lesquels nous n’avons pas pu intervenir pendant trois ans ; et les préparer à trois nouvelles années de fonctionnement non-stop, indique Serge Deleval, responsable de l’opération et chef adjoint du groupe CV. Pour abattre ce travail de Titan, nos équipes ont été renforcées : une soixantaine de contractants externes encadrés par 15 membres du personnel du CERN travailleront de concert jusqu’au redémarrage des machines. » Pour permettre une maintenance plus régulière, certains équipements vont se voir « renforcer ». Aux Points 4, 6 et 8 du LHC, par exemple, le groupe CV a installé de nouvelles tours de refroidissement destinées à prendre le relais sur les tours principales lors de la maintenance de ces dernières. Il ne faut pas oublier que, pendant le LS1, parallèlement à ces travaux de maintenance, beaucoup de systèmes sous la responsabilité de CV resteront opérationnels, comme en période de fonctionnement avec faisceau, pour de raisons des sécurité et pour permettre aux autres groupes de tester et d’installer leurs équipements.

Plus tout à fait jeunes, la plupart des équipements de refroidissement et de ventilation sont en place depuis la mise en service des accélérateurs. Dans le PS, par exemple, les systèmes de ventilation datant de 1957  seront entièrement renouvelés avec l’objectif de garantir la fiabilité de ces installations et de répondre aux nouvelles normes de sécurité. « Pour le moment, les galeries du synchrotron, en cours de  désamiantage, accueilleront bientôt un tout nouveau système de ventilation, beaucoup plus efficace en termes de désenfumage, et surtout pour l’aération des zones radioactives », ajoute Serge Deleval. Sur le site de Meyrin, la station de production d’eau déminéralisée pour la totalité des sites du CERN sera renouvelée en grande partie, pour en augmenter la fiabilité en démantelant la partie plus ancienne.

Au Point 3 du LHC, le système de pompage des eaux souterraines va lui aussi être remplacé. « Cette zone est vraiment critique pour l’infrastructure du LHC car elle est traversée par une rivière souterraine, souligne Serge Deleval. Ses eaux doivent être continuellement pompées, sans quoi le tunnel serait rapidement inondé. » Les nouvelles pompes, du type de celles utilisées dans les mines, seront plus performantes, et pourront, en plus de l’eau, évacuer le sable charrié par la rivière. Cela évitera aux équipes du groupe CV de devoir désensabler périodiquement la zone de pompage - ce qui nécessite l’arrêt de l’opération du LHC - comme c’est le cas aujourd’hui.

par Anaïs Schaeffer