Roger Calder (1934 – 2014)

Roger a rejoint la division Recherche-Accélérateur du CERN en mai 1963, au début du projet des Anneaux de stockage à intersections (ISR). Le défi était d’évacuer deux tubes de faisceaux d’environ 1 km chacun jusqu’à une pression de 10-7 Pa et d’obtenir une durée de vie de 20 h pour les faisceaux. Un système à ultra-vide (UHV) de cette taille et complexité requérait les technologies les plus avancées du moment.

 

Parmi les contributions significatives de Roger, il y avait le choix des pompes turbo-moléculaires et ioniques, l’obtention de faibles taux de dégazage des surfaces et un système « tout-métal » étuvable à 300°C. Aujourd’hui encore, le nom de Roger est lié au concept d’acier dégazé à 900°C pour obtenir un taux de dégazage d’hydrogène extrêmement bas.

La dérive de pression totalement inattendue avec quelques ampères seulement dans les ISR a rapidement été associée à un phénomène d’instabilité induit par les ions. Aux nombres des efforts de Roger pour atténuer cet effet, un premier pas a été d’ajouter des pompes à sublimation de titane. Dans une seconde phase, le coefficient de désorption induit par les ions a été réduit par une nouvelle méthode de nettoyage, connue sous le nom de décharge gazeuse « argon-oxygène ». Ensemble, ces mesures introduites par Roger ont permis l’opération des ISR à des courants supérieurs à 2 x 40 A, plus du double de la valeur nominale, avec des durées de vie des faisceaux de plusieurs jours.

La connaissance en profondeur des phénomènes de désorption de gaz induits par le faisceau a nécessité des expériences pointues. Roger y a grandement contribué en créant les laboratoires nécessaires à l’analyse des surfaces des matériaux utilisés. Grâce à sa profonde compréhension des processus physiques en cause, y compris les interactions avec le faisceau de protons, Roger a été consulté chaque fois qu’un anneau de stockage a été construit dans le monde. Au CERN, ses connaissances ont grandement contribué à l’adoption pour le LEP d’une méthode rigoureuse de nettoyage et de la notion de pompage distribué, sans lesquelles les besoins en vide n’auraient pas été satisfaits.

La plus récente contribution de Roger concernait le vide pour le LHC. Basé sur ses travaux antérieurs, il a démontré que le cryo-pompage de larges quantités d’hydrogène à une pression de saturation basse nécessiterait une température inférieure à 3 K, en combinaison avec un écran de faisceau inséré dans les chambres des aimants du LHC.

La méthode de Roger de tout étudier dans les moindres détails, examinant un problème sous tous les angles possibles et vérifiant plutôt deux fois qu’une avant de présenter un résultat, était très appréciée. Cette attitude rigoureuse l’a amené en 1980 à devenir un éditeur associé estimé du journal britannique Vacuum.

En posant avec tact les bonnes questions durant les discussions, Roger amenait ses collègues à trouver la meilleure solution à leurs problèmes, même dans des domaines non directement liés à la physique. Il était aussi un professeur idéal pour les nouvelles recrues du CERN, qu’il guidait avec patience et compétence et accompagnait paternellement dans leur carrière. Aujourd’hui encore, bien après sa retraite en 1997, cette gratitude est toujours vivace.

Ses collègues et amis