ISOLDE à nouveau prise pour cible

Alimentée par les faisceaux du Booster du PS (PSB), l’installation ISOLDE a repris la physique aujourd’hui, vendredi 1er août. Après près d’un an et demi d’arrêt technique, l’effervescence était à son comble lorsque le premier faisceau de protons a percuté la cible de la première expérience ISOLDE post LS1.

 

Un des nouveaux robots pour la manipulation des cibles mis en place par ISOLDE pendant le LS1.

Au cours de ce premier long arrêt technique, beaucoup d’améliorations ont été apportées à l’installation ISOLDE. Un des grands projets du LS1 a notamment été la mise en place de nouveaux robots pour la manipulation des cibles (voir photo 1). « Nos cibles sont bombardées par les protons des faisceaux du PSB et deviennent très radioactives, explique Maria Jose Garcia Borge, porte-parole de la collaboration ISOLDE. Elles doivent donc être manipulées avec précaution, ce dont se chargent des robots. Ceux que nous avions jusque-là affichaient déjà plus de 20 ans au compteur, et commençaient à souffrir des effets des radiations. Nous avons donc profité du LS1 pour les remplacer par des automates plus modernes à lecture électronique. »

Côté génie civil, ISOLDE a fait démolir trois bâtiments (les 115, 507 et 601), depuis remplacés par un seul bâtiment, le 508, qui accueillera l’équipe d’ISOLDE avec : une nouvelle salle de contrôle, une salle de stockage des données, trois laboratoires laser, un laboratoire de biologie et d’étude des matériaux, et une salle pour les visiteurs, de laquelle ces derniers pourront admirer le hall d’ISOLDE en toute liberté. Un autre bâtiment, le 197, a quant à lui été élargi afin d’accueillir le projet MEDICIS ; et deux autres bâtiments (les 198 et 199), achevés fin 2012, sont peu à peu équipés des nouveaux systèmes électriques ainsi que des installations de refroidissement et de ventilation de la future HIE-ISOLDE.

Dans le hall d’ISOLDE justement, de nouvelles stations expérimentales permanentes ont également été mises en place : « Une des stations permanentes – baptisée IDS pour ISOLDE Decay Station (voir photo 2) - est dédiée à la spectroscopie nucléaire, indique Maria Jose Garcia Borge. Elle permettra d’étudier la désintégration bêta et de faire des mesures de la durée de vie des états excités. L’autre station permanente – VITO  sera consacrée aux mesures combinées de matériaux et aux analyses de biologie. »

ISOLDE Decay Station (IDS), l’une des deux nouvelles stations expérimentales permanentes d’ISOLDE.

Quant à l’expérience qui a démarré le 1er août, elle repart sur les traces prometteuses d’analyses réalisées en 2012* : « Juste avant l’arrêt technique, nous avons réalisé une expérience de physique médicale sur le terbium, dirigée par les Instituts Laue-Langevin (ILL) et Paul Scherrer (PSI), explique Maria Jose Garcia Borge. Il s’agissait d’étudier in vivo l’utilisation des isotopes du terbium, aussi bien pour détecter des tumeurs cancéreuses que pour les traiter. Généralement, deux éléments chimiques distincts sont utilisés pour le diagnostic et la thérapie. Employer des isotopes d’un seul et même élément chimique peut s’avérer très utile pour améliorer la fiabilité du processus. »

Pour le reste de l’année 2014, le programme d’ISOLDE est déjà bien chargé : près de 40 expériences de basse énergie sont déjà planifiées d’ici au mois de décembre. En parallèle, la mise en place de l’infrastructure destinée à accueillir l’accélérateur supraconducteur HIE-ISOLDE suit son cours. Son premier cryomodule devrait ainsi être installé au printemps 2015, pour un démarrage de la physique de haute énergie à l’automne de la même année.


* Pour plus d’informations sur l’expérience de physique médicale réalisée à ISOLDE en 2012, lisez l’article (en anglais) paru dans le CERN Courier Volume 53.

par Anaïs Schaeffer