Dans les coulisses de GS : le cœur battant du CERN

Née en même temps que le CERN, la bibliothèque a suivi, et parfois précédé, l’évolution de l’Organisation. Aujourd’hui, loin d’être un simple dépôt de livres, le Service d’information scientifique (SIS), qui gère la bibliothèque du CERN, va vers une numérisation croissante et investit dans des projets innovants tel que l’Open Access.

 

Installée au bâtiment 52 depuis le 1er septembre 1957, la bibliothèque a toujours joué un rôle vital pour le Laboratoire. « Notre seule mission officielle est de fournir la liste complète des publications issues du travail des chercheurs cernois, mais ce lieu est en réalité la mémoire même du Laboratoire, souligne Tullio Basaglia, chef de la section Bibliothèque, au sein du SIS. Le rôle de la bibliothèque et des archives consiste à préserver, documenter et diffuser la connaissance produite ici. »

Soixante ans après sa création, la bibliothèque compte aujourd’hui 90 000 livres dont les deux tiers sont disponibles en format numérique, 1500 abonnements à des journaux scientifiques et 370 000 articles scientifiques publiés, dont 60 000 publications CERN. Pour permettre de conserver ce matériel dans de bonnes conditions et de le mettre à la disposition des utilisateurs, l’espace réservé à la bibliothèque a été augmenté et réaménagé au cours des années. Toutefois, depuis l’arrivé du web, c’est plutôt le besoin d’espace disque qui s’est imposé comme une priorité. Progressivement depuis 1996, les journaux scientifiques sont devenus consultables directement sur ordinateur et ils ne sont plus disponibles sur papier. « La bibliothèque est aujourd’hui beaucoup plus immatérielle, explique Jens Vigen, chef du groupe SIS. La gestion de l’information a changé grâce au web. Avant, il fallait du personnel pour recevoir les publications, les ranger sur les étagères, les relier, les mettre à la disposition des utilisateurs. D’ailleurs, l’imprimerie est née comme service interne du SIS et une grande partie du budget était consacré à la reproduction des documents. »

Cette énorme quantité d’information, qu’elle soit sur papier ou sur mémoire numérique, est aujourd’hui gérée de façon très moderne. « Nous travaillons constamment à la mise à jour de nos systèmes informatiques, confirme Jens Vigen. Désormais, grâce également à une collaboration avec le département IT, les utilisateurs qui ont un compte CERN ont un accès illimité à presque tout le matériel disponible dans notre bibliothèque et à celui pour lequel nous avons une licence d’utilisation. Nous venons de numériser le Courier CERN et bientôt aussi le Bulletin sera complètement disponible en ligne. Nos bibliothécaires vérifient personnellement la qualité de la numérisation et créent les liens entre les différents objets, tels que les photos, qui pourraient être archivés dans d’autres bases de données du CERN. »

Un travail titanesque qui ne concerne pas que les publications, mais aussi les photos. « Dans nos archives, nous avons environ 150 000 photos en noir et blanc et des milliers de photos couleur, confirme Tullio Basaglia. Pendant le travail de numérisation, nous nous sommes rendus compte que, en 60 ans d’histoire, beaucoup de personnalités ont visité le CERN. Par exemple, nous savons que Che Guevara, à l’époque ministre de l’Industrie de Cuba, a visité le CERN en 1964. Je suis sûr que nous retrouverons une photo de cette visite dans les archives ! »

Avec ses racines dans l’histoire mais son regard tourné vers le futur, la bibliothèque n’a jamais arrêté d’être un moteur d’initiatives visant à améliorer la diffusion de l’information. SCOAP3 en est l’exemple le plus récent. « Grâce à cette initiative, un grand nombre d’articles scientifiques dans le domaine de la physique des hautes énergies pourra être consulté librement et publié sans frais pour l’auteur, qui conservera le droit d’auteur sur le contenu, explique Jens Vigen. Nous avons lancé cette initiative en décembre 2013, après avoir obtenu le consensus et la confiance de toutes les parties : bibliothèques, organismes de financement et éditeurs. Aujourd’hui,  SCOAP3 est la plus vaste initiative jamais lancée en matière de libre accès à l’information à l’échelle planétaire. »

Et si vous êtes parmi les centaines d’utilisateurs qui passent chaque jour par la bibliothèque, vous pourrez également témoigner de son ambiance toujours détendue, accueillante et chaleureuse. Et cela, même si vous passez juste pour demander des ciseaux ou des informations générales sur le CERN. Les bibliothécaires ont fait une étude pour analyser le profil de leurs utilisateurs : 57 % de ceux qui consultent des livres ont moins de 35 ans. Il vous reste donc encore beaucoup de temps à passer dans ce lieu magique !

par Antonella Del Rosso