Des trésors méconnus

Au CERN, des scientifiques du monde entier conçoivent et construisent des instruments innovants destinés aux machines de pointe utilisées en physique des hautes énergies. Ces instruments trouvent ensuite leur place dans des accélérateurs de premier plan, dans des détecteurs cités dans un prix Nobel, dans des machines à antimatière uniques au monde, dans les premiers serveurs web… autant d'objets historiques qui appartiennent à notre patrimoine. Mais que fait-on de ces objets lorsqu’ils ne sont plus utilisés ?

 

65-1-043 65-5-126 65-5-116 65-4-097 65-3-009 65-5-013Les nouveaux projets ont toujours besoin de nouveaux développements techniques, et la liste des « vieux » objets appartenant à un laboratoire comme le CERN s’allonge avec le temps. Pour innovants qu’ils aient été à l’époque où on les a construits, ces objets sont souvent encombrants, parfois très fragiles ; en tout cas, une fois démontés, ils ne ressemblent pas à des outils courants. Que peut-on en faire ? « Il existe sur CDS une base de données d’objets pouvant être utilisés lors d’expositions scientifiques, déclare Gigi Rolandi, président du Comité pour la politique de documentation scientifique (SIPB), organe responsable de la politique de préservation des objets. Cette base compte plus de 180 pièces différentes, qui peuvent être empruntées au CERN par les musées, pour une durée qui est négociée au cas par cas. »

Ainsi, les chambres à bulles figurent parmi les objets les plus photographiés de l'exposition Microcosm, la chambre à projection temporelle d'ALEPH est exposée au Musée international de l'horlogerie à La-Chaux-de-Fonds (Suisse), et le premier serveur web est un objet très populaire qui parcourt le monde dans le cadre de différentes expositions. Pourtant, d’autres objets disparaissent après avoir été démontés. « Une politique de préservation des objets est en place depuis 2007, moment où le SIPB a proposé d'adopter une démarche systématique pour préserver, cataloguer et exploiter les objets et images photo et vidéo dans le domaine scientifique,  précise Jens Vigen, chef de la bibliothèque du CERN, également chargé de la gestion des archives de l’Organisation. La première étape est de répertorier correctement tous les objets et de mettre l'information à disposition pour un usage ultérieur. »

La base de données a besoin de davantage d’informations et de descriptions plus précises des différentes pièces. « La contribution des Cernois qui ont travaillé sur ces instruments est vitale, confirme James Gillies, chef du groupe Communication du CERN et membre du Bureau des relations extérieures du CERN, chargé de la gestion de ces objets historiques. Ils ont déjà aidé la bibliothèque en reconnaissant des lieux et des visages au cours de la campagne "Drôles de photos". Nous aurions besoin maintenant d’un membre du personnel honoraire, ou d’un groupe de personnes, pour nous aider à mettre en œuvre cette politique. »

C’est un devoir que de préserver des objets qui portent témoignage de l’ingéniosité des esprits qui les ont créés et de tout le labeur nécessaire pour faire avancer la recherche. Si vous connaissez, peut-être tout près de vous, un objet historique lié à l’histoire du CERN, n’hésitez pas à le photographier et à l’ajouter à la collection de CDS, en apportant des éléments d'information appropriés, et précis. Et si vous souhaitez aider le CERN dans la mise en œuvre de sa politique de préservation des objets, n’hésitez pas à contacter le SIPB.

par Antonella Del Rosso