Mots des Présidents

Dans le cadre du soixantième anniversaire de l’Association du personnel, nous avons demandé à d’anciens présidents de nous écrire comment ils ont vécu leurs années de présidence. Nous continuons dans ce numéro d’Écho avec la contribution de Luit de Jonge.

Luit de Jonge

Ma seule année de présidence (mi-1982 à mi-1983) à l’Association du personnel fut intense et mouvementée. Michel Vitasse, qui avait bien préparé le terrain pour que je lui succède, avait travaillé auparavant avec ses adjoints sur les modes de représentation du personnel dans les grandes organisations internationales. Nous avions un seul organe officiel de discussion avec la Direction, le Comité Consultatif Permanent (CCP). Comme son nom l’indique, ce comité était seulement consultatif et nous (l’Association du personnel) voulions négocier et aboutir à des accords signés. Comment y arriver ?

Un groupe paritaire avait été créé (Président Günther Ullmann et Vice-Président Romain Pittin, qui était également Vice-Président de l’Association) pour étudier la question. Au final, il était clair que la Direction du CERN ne voulait pas changer les choses.

Nous avons donc préparé une déclaration explosive, le soir et la nuit précédant la réunion du CCP. Mais comme ce document avec la déclaration ne figurait pas à l’ordre du jour, le Directeur de l’Administration ne voulait pas qu’on le lise. Nous avons insisté sur le fait que nous avions tout de même un rôle consultatif et la Direction a bien été obligée de nous écouter. Le Directeur général était présent à ce CCP et un repas commun était prévu (dernier point de l’ordre du jour).

Cette déclaration doit toujours exister dans les archives, elle était très dure pour la direction. Quand nous avons fini la lecture, le Directeur général a quitté la salle de réunion fâché… et le repas a été annulé. Mais comme nous n’étions pas du genre à se laisser abattre, nous (les représentants de l’Association du personnel) sommes allés au petit restaurant de Russin pour terminer le dernier point de l’ordre du jour entre nous. Ensuite, nous avons envoyé la facture du repas au Directeur de l’Administration qui nous l’a rendue avec un grand « VU », signé de sa main. Et nous, nous l’avons renvoyée en mentionnant « et nous on n’a rien VU ». Voilà pour la petite histoire. Par la suite nous avons boycotté le CCP pendant 6 mois tout en continuant des discussions informelles avec la Direction.

À la fin de mon mandat, en mai 1983, j’ai démissionné avec une lettre ouverte qui n’était pas tendre non plus pour dénoncer la situation. Par la suite le CCP est devenu le Comité de Concertation Permanent ! Puis le CCEC (un comité consultatif des conditions d’emploi), un comité tripartite avec les États membres, a été créé par le Conseil du CERN en décembre 1983, puis le TRACE (comité consultatif tripartite des conditions d’emploi) en décembre 1988, tous deux prédécesseurs du TREF actuel (Forum tripartite des conditions d’emploi), né en juin 1994.

Après ma démission de la présidence, je suis retourné dans la technique en participant activement au projet LEP, mais en restant encore délégué au Conseil du personnel pendant deux ans.

Cette expérience comme président a été une excellente leçon de vie dans ce cadre unique qu’est le CERN.

Je souhaite encore une longue vie au CERN ainsi qu’à son Association du Personnel.

par Staff Association