La conférence ICTR-PHE attire les foules

La troisième conférence biennale ICTR-PHE (voir ici) s'est achevée vendredi 19 février. Comme les éditions précédentes, elle a connu un grand succès.  Plus de 400 participants venus de toutes les régions du monde se sont rencontrés pendant les cinq journées, avant de retourner dans leur institut d’origine avec de nouvelles idées, de nouveaux projets de collaboration et des perspectives optimistes sur le futur de la thérapie contre le cancer.

 

Pendant la conférence, les participants ont pu voir 80 posters présentés par de jeunes scientifiques. (Image : Salvatore Fiore)

Pendant cinq jours, des sujets extrêmement divers ont été traités –radiobiologie, médecine nucléaire, détecteurs et imagerie, nouvelles technologies… – et de nombreuses recherches nouvelles ont été présentées. « J’ai été impressionné par nombre d’interventions étonnantes, qui laissent augurer de grands progrès à l’avenir, a déclaré Jacques Bernier, président du département de radio-oncologie à la clinique Génolier à Genève et coprésident de la conférence avec Manjit Dosanjh, du CERN. « Il est vraiment important de faire se rencontrer les milieux de la physique, de la biologie et de la médecine, pour que ces spécialistes travaillent ensemble en vue de faire jaillir des idées nouvelles, ajoute Manjit Dosanjh. Cette année, j’ai pu observer quelques exemples magnifiques de collaborations de ce type, présentées ici pour la première fois. »

Certains sujets ont soulevé un intérêt particulier dans le public, comme par exemple les études sur l’imagerie gamma immédiate, présentée par Thomas Bortfeld (Massachusetts General Hospital et Harvard Medical School), Christian Richter (Helmholtz Zentrum de Dresde), Saad Aldawood (Université Ludwig Maximiliens de Munich et Université du Roi Saoud de Riyad) et Brent Huisman (Université de Lyon), auteur de l’un des six posters primés lors de la conférence ICTR-PHE. Dans les thérapies s’appuyant sur les faisceaux de particules, le fait que le faisceau a une portée bien définie peut être une arme à double tranchant, car le risque de « tir » trop long ou trop court impose de prévoir des marges de sécurité pour épargner le tissu sain. Or ces marges peuvent compromettre la distribution de dose et l’efficacité de la thérapie. C’est pourquoi beaucoup d’efforts sont déployés pour développer des techniques d’imagerie permettant d’évaluer la portée du faisceau, et l’imagerie gamma immédiate semble être la plus prometteuse. S’appuyant sur la détection du rayonnement gamma secondaire émis par les réactions nucléaires survenant entre les protons et le tissu, ce procédé permettrait de réaliser une détection en temps réel de la position du faisceau dans le corps du patient (pendant le traitement), avec une précision d’environ 1 mm. Avec une telle précision, les marges de sécurité sur le point d’impact pourraient être réduites, ce qui améliorerait de façon significative la qualité du traitement.

Philippe Lambin, du Centre médical universitaire de Maastricht (Pays-Bas), a traité d’un autre sujet prometteur, que nous connaissons très bien au CERN : celui des grands volumes de données. Dans une étude récente, il montre comment l’apprentissage distribué peut être une solution dans le cadre de l’apprentissage rapide dans le domaine médical.  L’apprentissage rapide consiste en l’utilisation des données produites journalièrement dans le cadre des soins et de la recherche clinique pour alimenter une base de données de plus en plus volumineuse. Grâce à cette base de données, les chercheurs espèrent être en mesure de développer des modèles mathématiques – suivant l’exemple des modèles météorologiques – capables de « prédire l’avenir ».

La communication relative à l’utilisation de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) pour le guidage externe des faisceaux de radiothérapie, présentée par Jan Lagendijk, du Centre médical universitaire d’Utrecht (Pays-Bas) a également ouvert des perspectives nouvelles. Jan Lagendijk a en effet expliqué que, dans certains cas, on peut visualiser de façon efficace les structures cancéreuses au moyen de systèmes de radiothérapie utilisant un linac de tomographie assistée par ordinateur par faisceau conique, mais que ce n’est pas le cas pour toutes les tumeurs. Le guidage par IRM en direct pourrait améliorer la visualisation et ainsi permettre de mieux cibler ces tumeurs.  Cette technique pourrait constituer une avancée dans l’utilisation de la radiothérapie et redéfinir les rôles de la radiothérapie et de la chirurgie.

« Nous avons hâte de voir ces recherches trouver leur traduction concrète dans les applications cliniques, conclut Manjit Dosanjh. « Passer du laboratoire au lit d’hôpital, C’est le but de la conférence ICTR-PHE. »


Pour plus d’informations et pour avoir un aperçu de la conférence ICTR-PHE 2016, reportez-vous au blog ICTR-PHE (en anglais), ou regardez le vidéo des faits saillants de la conférence (en anglais).

par Anaïs Schaeffer