Le CERN vu par les Cernois

Comment les acteurs de la recherche vivent-ils l’approche du redémarrage du LHC? Comment pensent-ils que leur travail est perçu à l’extérieur? Après avoir interrogé au sujet du LHC et du CERN les gens de Meyrin, Divonne-les-bains et Genève, c’est aux Cernois eux-même que le Bulletin est allé poser ses questions.

Travailler au CERN, pour certains c’était un rêve d’enfant. Aujourd’hui, à l’approche du redémarrage du plus grand accélérateur de particules du monde, tout le monde est très enthousiaste de participer à cette aventure. «C’est quelque chose qui arrive une seule fois dans la vie d’un scientifique!», s’exclame un physicien de CMS.

Mais quelle est, d’après les chercheurs, la chose la plus importante que l’on fait au CERN? Difficile d’en désigner une en particulier. La réponse, quasi-unanime, est donc assez générale: «faire avancer la connaissance». Beaucoup évoquent aussi des bénéfices concrets, grâce aux transferts de technologie. Cependant, personne ne sait à quoi s’attendre dans ce domaine: qui aurait pu prédire le GPS comme application de la relativité? À défaut de pouvoir prédire l’avenir de la technologie, chacun croit au «potentiel de découverte» dont la recherche fondamentale a toujours fait preuve.

Mais hors des bâtiments de recherche, le monde regarde-t-il ce qui se passe au CERN? Oui, personne n’en doute. Les scientifiques ont le sentiment que les gens regardent, et surtout s’intéressent. Conscients que leurs travaux ne sont pas toujours bien compris, ils estiment néanmoins que «les gens savent que c’est quelque chose d’important». Selon l’un des physiciens interrogés, «c’est la première fois que la physique est aussi populaire dans le monde». Malgré les craintes «abracadabrantes» qu’avait suscité le démarrage du LHC l’année dernière, avec l’hypothèse de la formation de trous noirs dangereux, les chercheurs pensent que leurs travaux sont plutôt vus d’un bon œil par le public.

Quant au milieu scientifique, c’est à travers toute la planète qu’il bénéficiera du travail effectué au CERN. Car «le CERN met en contact des cultures et des histoires différentes, un contact qui devient mondial». De plus, les données enregistrées par les expériences au LHC pourront être instantanément transmises et exploitées dans les laboratoires du monde entier: une «démocratisation de la science», assure un physicien d’Afrique du Sud. Ainsi, si les scientifiques pensent «apprendre énormément de choses» grâce à leurs recherches, ils espèrent aussi participer à élever le niveau des connaissances humaines… et c’est selon eux la meilleure chose qu’ils puissent faire.

Antoine Cappelle

Vous trouverez la vidéo: