Prêts pour la première physique

Le démarrage de la machine en 2009 a permis aux expériences du LHC d’accomplir plusieurs choses remarquables. Tous les détecteurs ont des performances conformes aux spécifications, le temps d’analyse des données est étonnamment court, et les données réelles et simulées coïncident de façon troublante. Surtout, le redémarrage a apporté du grain à moudre à toute une communauté enthousiaste de physiciens – en particulier de jeunes physiciens – en leur fournissant des données réelles.

Ce n’est que le début, mais nous pouvons à présent aborder la nouvelle année avec espoir et confiance. Les premiers mois de 2010 nous permettront de redécouvrir des phénomènes déjà connus des scientifiques – le fameux modèle standard. Il s’agit là d’un point de départ nécessaire dans la recherche d’une nouvelle physique. Si la Nature a mis à notre portée quelques éléments nouveaux, il y a une chance que nous puissions entrevoir d’ici la fin de l’année de premiers indices – par exemple, la supersymétrie. Toutefois, l’un des objectifs principaux de l’exploitation 2010 sera l’observation du quark top, vu pour la première fois au Laboratoire Fermi, aux Etats-Unis, en 1995, qui n’a pas encore été observé en Europe.

La luminosité intégrée de l’exploitation 2010 à 3,5 TeV par faisceau permettra aux expériences du CERN de recueillir un nombre de quarks top compétitif par rapport au nombre recueilli par le Tevatron jusqu’à présent. De plus, la mesure précise de la section efficace et l’étude du mécanisme de production des quarks top permettront aux expériences d’améliorer les réglages afin de se préparer à recevoir les signaux de la nouvelle physique.

L’année qui commence ouvre une phase nouvelle pour tout le Laboratoire: lorsque la machine aura atteint une phase de stabilité avec des collisions à haute énergie produites de façon constante, tous les regards se tourneront vers les expériences, et les équipes du monde entier qui s’activeront à exploiter et analyser les données. Le rôle du CERN aura à s’adapter à cette transition, même si le but principal reste le même : faire en sorte que la totalité de l’infrastructure présente derrière les expériences fonctionne correctement et efficacement. À l’heure où le CERN se prépare pour la nouvelle phase, nous pouvons dire sans hésiter que nous sommes plus que prêts.

Tous mes vœux à tous les Cernois pour une année 2010 scientifiquement stimulante !

Sergio Bertolucci
Directeur de la recherche et de l'informatique