Marcel Vivargent


(Photo LAPP )
Marcel Vivargent nous a quitté le 31 janvier dernier dans sa 87 ème année.
Licencié es Sciences en 1949, il entre au CNRS en 1951 et commence sa carrière au Collège de France dans le labo de Frédéric Joliot Curie. Il soutient sa thèse en 1958. Il participe à l'installation du cyclotron à l'Institut du Radium d'Orsay, où il effectue ses recherches jusqu'en 1960, puis part au CERN avec un petit groupe de physiciens pour travailler auprès du PS sur la production des hadrons et la physique des kaons.
Attentif à l'avenir de la discipline en France, il participe activement dans les années 60 avec Robert Lévy-Mandel et des physiciens et ingénieurs d'Orsay et de Saclay au projet d'accélérateur de 45 Gev, qui ne verra pas le jour.
En 1968, il est nommé directeur de la division des Hautes énergies du CNRS regroupant les physiciens des particules de l'IPN d'Orsay et de l'Université de Paris Jussieu. Parallèlement, il participe à l'expérience de la collaboration CERN-Hambourg-Orsay-Vienne auprès des ISR.
C'est à cette époque, que conscient de la nécessité pour les physiciens français de se rapprocher du CERN, il propose et convainc ses collègues de l'IPN d'Orsay de créer un laboratoire à Annecy. Fort du soutien de ses collègues et des autorités politiques de la région, le LAPP est construit et inauguré en 1976. Il en sera le directeur jusqu'en 1982, tout en participant à la Collaboration européenne des muons.
De 1978 à 1980, il préside l'ECFA, comité qui sera déterminant pour faire accepter le collisionneur LEP dans le tunnel de 27 km utilisé maintenant par le LHC, machine dont il soutiendra le projet.
De 1981 à 1991, il coordonne les équipes françaises du LAPP et de Lyon participant à l'expérience L3 dirigée par Sam Ting. Il devient le responsable du calorimètre électromagnétique utilisant des cristaux de BGO, et commencera à animer la collaboration internationale qui fera fonctionner ce détecteur jusqu'en 2001.
Avant sa retraite, il participe à la collaboration Crystal Clear qui ouvrira la voie au choix des cristaux de tungstenate de plomb par l'expérience CMS au LHC pour son détecteur ECAL, dont il suivra les progrès avec intérêt.
En plus de ses qualités de physicien, d'animateur d'équipe et de bâtisseur, Marcel Vivargent fut un homme courageux, ouvert et critique, qui n'a pas hésité à se mettre au service de ses concitoyens et collègues. Il aimait les gens qui ne baissent pas la tête. C'est ainsi qu'il interrompa ses études en 1944 pour rejoindre les maquis de l'Aube.
De 1966 à 1967, il préside l'Association du personnel du CERN.
Après sa retraite, il s'investira dans des projets d'énergie solaire comme le Centre d'Information et Recherche en Énergie Solaire de Dakar (CIFRES). Fort de son expérience au LEP, il soutiendra le choix d'un tunnel ferroviaire de 53 km pour la future ligne Lyon/Turin.
En mars 2007, il participe à une réunion sur la résistance française à St Genis Pouilly aux côtés de deux anciens du CERN, Herber Herz des FTP MOI, et Albert Girardet, déporté à Buchenwald.
Marcel Vivargent avait gardé une grande autorité morale auprès des physiciens qui avaient travaillé avec lui, ainsi qu'auprès de plus jeunes appelés à le connaitre.
En 2009, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur.
Le Cern a fait part de ses condoléances à sa femme, sa fille et sa famille.

Ses collègues et amis