En juin dernier, le Comité des finances du CERN a repoussé les propositions de budget 2011 et de plan à moyen terme (2012-2015) du Directeur général. Les délégations des Etats membres ont demandé une importante réduction de ces enveloppes budgétaires. L’Association du Personnel condamne cette demande de nouvelles coupes budgétaires qui témoignent d’une vision politique à court terme. Aussi, elle organise un rassemblement le 25 août prochain pour défendre la recherche fondamentale européenne. Ce jour-là, votre présence à nos cotés est indispensable.


Assez de faire sans cesse au plus juste !

Nous savons que les restrictions budgétaires et la réduction des déficits sont à l’ordre du jour dans nombre de pays. Les domaines de la recherche et de la formation sont également touchés. Toutefois, dans le cas du CERN, de très lourdes contraintes budgétaires ont déjà été imposées depuis de nombreuses années, et en particulier depuis 1996 où le budget de l’Organisation a été réduit d’environ 10%, au moment même où la construction du LHC devait commencer. Ce sont dès lors 100 MCHF qui ont été perdus chaque année, réduisant à un niveau minimum les ressources du CERN. Tous les efforts ont été concentrés sur le projet LHC et les investissements dans les autres domaines négligés, voire abandonnés. L’infrastructure des installations techniques et des bâtiments en ont énormément souffert. Aujourd’hui une consolidation générale est vitale pour satisfaire aux niveaux de fiabilité, d’hygiène et de sécurité adéquats. De nouvelles coupes budgétaires compromettraient dangereusement le fonctionnement de l’Organisation et ainsi son avenir.

Une recherche sans budget = une Europe sans avenir

Réunis à Lisbonne en 2000, les États Membres de l’Union Européenne voulaient pour 2010 une Europe ayant « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde… ». Pour éviter que se creuse l’écart avec les États-Unis en matière de Recherche et Développements (R&D) et pour mieux construire l’avenir face à la mondialisation de l’économie, ils ont décidé, en 2003 à Barcelone, de porter le niveau de leurs investissements nationaux en R&D à 3 % du PIB à l’horizon 2010. On sait ce qu’il est advenu depuis : avant même la crise financière de 2008, cet objectif avait été abandonné. Aujourd’hui, le niveau de leurs investissements atteint avec peine 1,85% du PIB. Il y a loin de la coupe aux lèvres.

La recherche fondamentale attire vers la science les innovateurs de demain

Un investissement à long terme dans la recherche fondamentale est primordial. En prêtant 300 millions d’euros au CERN (en 2003) pour l’aider à financer la construction du LHC, la Banque européenne d’investissement (BEI), organe financier de l’Union européenne, a montré l’importance qu’elle attache à la science fondamentale. Par ce choix, la BEI indiquait que le plus grand projet de physique fondamentale du monde constitue un investissement digne d’intérêt, notamment parce que la recherche fondamentale ouvre la voie aux innovations futures. Pour favoriser la reprise économique européenne, on ne doit pas aujourd’hui freiner ces investissements. Au contraire, il convient de consolider le leadership mondial de l’Europe en physique des particules.

Né en 1954, notre Laboratoire est devenu un des fleurons de l’Europe, un modèle de collaboration internationale, symbolisé aujourd’hui par un LHC qui fonctionne bien. Ne gâchons pas tout !

Par sa politique de transfert de connaissances, le CERN contribue depuis toujours à la formation de centaines d’étudiants, de doctorants et d’enseignants de la communauté scientifique. Par ses propres développements et sa politique de transferts technologiques, le CERN a offert au monde économique et industriel quelques unes des plus importantes technologies de pointe actuelles. Citons, par exemple, la mise au point des techniques d’accélération et de détection des particules qui ont trouvé des applications en médecine (radiobiologie, production de radionucléides, scanners PET ou TEP/IRM). Le World Wide Web a révolutionné la manière de communiquer et de faire du commerce à travers le monde. Aux avant-postes de la technologie de l’information, les grilles de calcul ont déjà trouvé des applications dans les domaines de l’observation de la Terre, les prévisions climatiques, l’exploration pétrolière et la recherche pharmaceutique.

Donner au CERN les moyens de ses ambitions

La recherche fondamentale joue un rôle vital dans notre monde de concurrence car elle établit des fondations durables pour l’innovation, principale force motrice du développement et de la prospérité. En particulier, les avancées technologiques issues du CERN permettent à l’industrie européenne de créer de l’emploi et de générer de la croissance. Comment le CERN peut-il remplir sa mission si nos États ne lui en donnent pas tous les moyens nécessaires ? La recherche fondamentale ne peut pas progresser avec des réductions de budget ! Au contraire, elle a besoin d’une stabilité financière en concordance avec ses projets qui souvent s’inscrivent sur plusieurs décennies.