Transfert de connaissances en Afrique

Pour la deuxième année consécutive, une équipe du CERN composée d’experts dans le domaine de la conception et du fonctionnement des bibliothèques numériques s'est rendue en Afrique, et plus précisément au Maroc, du 22 au 26 novembre 2010. Leur objectif était de transmettre leur savoir-faire et former des bibliothécaires et des ingénieurs informaticiens de cinq pays d’Afrique.

 

Les participants à l’atelier de formation au Centre national pour la recherche scientifique et technique à Rabat (Maroc).

À l’heure où l’ère des bibliothèques numériques est en plein essor à travers le monde, la plupart des professionnels qui travaillent actuellement dans ce domaine n'ont pas été formés : un vrai défi. Pour remédier à cette situation et favoriser le développement des bibliothèques numériques en Afrique, le CERN et l'UNESCO ont organisé un atelier de formation au Centre national pour la recherche scientifique et technique à Rabat (Maroc). « Le succès de la première école CERN-UNESCO sur les bibliothèques numériques, que nous avions organisée au Rwanda en 2009, nous a encouragé à réitérer l’expérience dans un pays francophone cette fois. Le Maroc possède un grand potentiel dans le domaine numérique et le choix de ce pays a été une décision mutuelle du CERN et de l’UNESCO, explique Jens Vigen, chef du service Information scientifique du CERN et l'un des organisateurs de l'atelier. Cette collaboration avec l’UNESCO est une excellente occasion pour le CERN d'établir des contacts dans des pays où les activités en physique des particules sont, à ce jour, peu nombreuses . Si l'UNESCO est en mesure de fournir des fonds dans le cadre du programme international relatif aux sciences fondamentales (PISF), le CERN a, lui, la capacité d'organiser un tel atelier ».

Il existe en Afrique un grand nombre de documents qui ne sont malheureusement pas accessibles, voire perdus, par manque d’infrastructures appropriées. « Ces ateliers sont l’occasion pour les participants d’analyser et de comparer leur situation, ainsi que d’acquérir des connaissances qui pourraient permettre de combler en partie ces manques », explique Jérôme Caffaro, ingénieur informaticien au CERN et l’un des organisateurs de l’atelier de formation. Des exercices pratiques sur la plateforme Invenio (le système de bibliothèque numérique développé au CERN) ont permis aux formateurs d’illustrer les concepts présentés durant la formation et aux participants de se familiariser avec les techniques d’installation et de maintenance d’un logiciel bibliothéconomique, ainsi que d’aborder divers processus bibliothécaires typiques qui peuvent être gérés avec un tel logiciel. « Les participants ont également pu prendre conscience qu’il existe diverses solutions à présent accessibles pouvant répondre à leurs besoins et qui pourraient leur permettre de gagner en efficacité et en autonomie dans la gestion de leurs documents », poursuit Jérôme. « Invenio peut gérer d’importantes quantités de documents et, avec les années, ce nombre va augmenter en Afrique, comme dans le monde entier », confirme Peter Amoako-Yirenkyi, ancien élève et aujourd’hui professeur de mathématiques à l’université KNUST au Ghana. Peter était présent avec l’équipe de spécialistes lors de l’événement au Maroc afin d’installer le matériel informatique.

Une trentaine de bibliothécaires et d’informaticiens de cinq pays africains ont fait le déplacement au Maroc pour suivre cet atelier. Quinze des participants provenaient de différentes institutions du pays hôte, tandis que les quinze autres venaient du Bénin, du Cameroun, du Sénégal et de Tunisie. L'événement est une occasion unique pour les ingénieurs informaticiens et les bibliothécaires de travailler ensemble. « Il est devenu clair que, ce qui est évident pour un ingénieur, est souvent ignoré par un bibliothécaire, et vice versa », souligne Annette Holtkamp, physicienne et bibliothécaire au CERN et formatrice pour cet atelier. « Afin d'optimiser le fonctionnement des bibliothèques numériques et d'établir une compréhension commune de leurs programmes, il est important d’avoir une base commune entre bibliothécaire et ingénieur informatique », confirme Ludmila Marian, ingénieure informaticienne au département IT, qui a également participé à l’école.

En juin, quelques participants reviendront suivre une formation intensive d'un mois sur les bibliothèques numériques au CERN.

par Laëtitia Pedroso