Passez en mode écoresponsable

Après une série de mesures allant dans le sens d’une politique plus « verte », la Direction du CERN a récemment nommé un Coordinateur des questions énergétiques. Bien qu’il soit difficile d’imaginer des solutions miracles capables de réduire substantiellement la consommation d’énergie des accélérateurs, il est certainement envisageable de réutiliser l’énergie thermique résiduelle et d’optimiser l’infrastructure pour que le CERN s’engage dans une voie durable et écoresponsable. Des projets écologiques concrets sont en cours de préparation.

 

La consommation d’électricité au CERN est considérable ; elle équivaut à un tiers de la consommation de la ville de Genève. Plus de 95 % de cette électricité est utilisé par les accélérateurs et d’autres installations de recherche. Le CERN consomme également du gaz pour son chauffage, du combustible et du gaz pour ses véhicules, et de l’eau pour ses installations sanitaires et le refroidissement des accélérateurs. « Il est de notre responsabilité de maintenir notre consommation d’énergie et notre impact sur l’environnement au niveau le plus bas possible, déclare Helfried Burckhart, récemment nommé Coordinateur des questions énergétiques au CERN. Bien qu’il soit difficile de réduire la consommation d'énergie pour les installations existantes, il y a certainement beaucoup à faire pour les nouveaux bâtiments et les futures machines de recherche. »

Outre le fait qu’elle réduirait l’impact des activités sur l'environnement, l’optimisation de la consommation d’énergie permettrait évidemment au Laboratoire de réduire ses coûts d’exploitation. « Nous voulons encourager le progrès des technologies liées à l'énergie, explique Helfried Burckhart. C’est essentiel pour les futurs accélérateurs et cela pourrait aussi profiter à la société dans son ensemble. »

L’une des solutions à l’étude est l’installation de panneaux solaires sur le toit des nouveaux bâtiments. La première construction à être équipée d’un champ de capteurs solaires à conversion thermique, technologie issue des recherches menées au CERN, devrait être un nouveau bâtiment de 4 000 m2, situé sur le site de Prévessin, qui abritera des bureaux, des services techniques, parmi lesquels des installations informatiques, et une zone accessible aux visiteurs. « Le principal objectif de cette démarche énergétique intégrée est de combiner les processus qui créent la chaleur et le froid, c’est-à-dire alimenter les systèmes de chauffage et de refroidissement par le même processus. Ainsi, la perte d’énergie thermique résiduelle est réduite au strict minimum, explique Helfried Burckhart. Le fait que nous utilisions l’énergie solaire pour refroidir les bâtiments montre bien que confort peut rimer avec approche durable. » Sur ce point, un plan a été établi prévoyant d’utiliser en priorité l’énergie solaire, puis d’avoir recours en complément à des systèmes classiques, tels que le chauffage collectif et les compresseurs.

Par ailleurs, le CERN utilise un système de refroidissement à eau pour ses installations, et une grande partie de l’énergie se dissipe dans les tours de refroidissement. Les projets en cours d’élaboration prévoient de réutiliser cette énergie et d’avoir recours à des pompes à chaleur pour chauffer les bâtiments du CERN et des zones environnantes. Cette solution permettrait à la fois de réduire la facture énergétique du Laboratoire et de montrer sa volonté de contribuer au développement durable au-delà du domaine du CERN. « Après avoir évalué la totalité des besoins énergétiques du CERN, nous avons imaginé quelques actions qui permettraient d’orienter le Laboratoire vers une voie plus durable. Ces actions nécessitent bien sûr quelques investissements, mais qui seront vite rentabilisés étant donné l’augmentation constante des prix de l’énergie », affirme Helfried Burckhart, avant d’ajouter : « Rien ne remplacera la sensibilisation de chacun d’entre nous, employés et utilisateurs du Laboratoire, à la valeur de l'énergie. Même si nous ne payons pas directement la facture, nous ne devons pas oublier que l’économie d’énergie est un élément-clé du développement durable. » En d’autres termes, tout le monde a un rôle à jouer ! Au quotidien, il s'agit donc de ne pas laisser en marche les appareils qui n'ont pas besoin de l'être, d’éviter toute consommation d’eau inutile, d’utiliser le gaz au lieu de l'essence, etc. Toute autre suggestion est la bienvenue !

par Antonella Del Rosso