Des collisions créatives entre le corps et l’esprit

Gilles Jobin, danseur et chorégraphe genevois à la renommée internationale, vient d’entamer une résidence de trois mois au CERN. Cette résidence artistique, financée par la Ville et le Canton de Genève, est la première du programme Collide@CERN dans la catégorie danse et performance. Fraîchement installé dans son nouvel atelier, Gilles Jobin commence à s’imprégner du lieu où il va devoir faire communier danse et physique des hautes énergies.

 

Spider Galaxies, une pièce de Gilles Jobin de 2011, a en partie été inspirée par une visite au CERN. Sa musique incorporait d'ailleurs des données du LHC. © Cie Gilles Jobin 2011 – Photographie : Grégory Batardon.

« Pour le moment, je suis dans la phase d’exploration de ce que j’appelle le “Metaphor Dance Project”, explique Gilles Jobin. J’apprends énormément ! Par exemple, je ne savais pas que la gravité est l’une des forces les plus faibles, et que la force qui permet la cohésion de la matière, et donc la cohésion de notre propre corps, est bien plus forte. Depuis que je sais ça, j’appréhende mon corps d’une manière différente. »

Venant d’un danseur, cette observation n’est pas à prendre à la légère. Et Gilles Jobin n’est pas seulement un danseur ; c’est aussi un chorégraphe de renommée internationale. Il s’est déjà vu commander des créations par le Théâtre de la Ville, à Paris, et le Ballet Gulbenkian, à Lisbonne, et il a vécu et travaillé à Londres pendant sept ans. Pourtant, bien que ses œuvres chorégraphiques aient voyagé dans le monde entier, son cœur est resté à Genève, sa ville natale. « C’est l’un des aspects de ma résidence au CERN que j’apprécie tout particulièrement, confie-t-il. Elle me donne la possibilité de découvrir “la ville en dehors de la ville”, comme certains qualifient le CERN. En plus, comme je serai encore à Genève après la résidence, je pourrai facilement suivre les activités et entretenir les relations prometteuses qui en découleront. »

Après le succès de la manifestation organisée le 23 mai au Globe pour marquer le coup d’envoi de la résidence, sa première démarche consiste à aller à la rencontre des personnes qui travaillent au CERN. « Les scientifiques utilisent des métaphores pour expliquer les idées abstraites sur lesquelles ils travaillent, et ils se servent de leur gestuelle pour illustrer leurs propos, explique Gilles Jobin. En plus de travailler avec João Pequenão, mon partenaire d'inspiration, je veux rencontrer d’autres personnes au CERN afin de découvrir comment les métaphores interagissent avec le mouvement et la science. » Attention, pour ne pas rater les prochaines activités proposées par Gilles Jobin, gardez l’œil ouvert ! Qui sait, vous pourrez peut-être apporter au « Methaphor Dance Project » la petite étincelle créative qui donnera naissance au prochain chef d’œuvre chorégraphique de Gilles Jobin.

par Joannah Caborn Wengler