Une machine dans la machine

Les machines virtuelles sont monnaie courante au CERN, mais si vous ne travaillez pas pour une expérience, vous n’en avez probablement jamais entendu parler. Grâce à une machine virtuelle (virtual machine - VM), vous pouvez créer une machine indépendante au sein de la vôtre, qui vous permet d’utiliser Linux sous Mac, ou Windows sous Linux, ou toute autre combinaison dont vous avez besoin.

 

Grâce à une machine virtuelle CERN, un logiciel d'analyse Linux tourne sur un Macbook.

L’un des principaux problèmes posés par l’analyse des données du LHC réside dans la diversité des environnements informatiques des différents collaborateurs, éparpillés dans le monde entier. Mais que se passe-t-il si un institut ne peut exécuter le logiciel d'analyse des données parce qu'il utilise un système d’exploitation différent ?

« C’est là qu’intervient le projet CernVM, explique Gerardo Ganis, membre de l’équipe SFT du département Physique (PH-SFT) et responsable du projet. Nous avons réussi à répondre aux inquiétudes des expérimentateurs en leur offrant une solution VM qui leur permet d’exécuter les logiciels des expériences. Ainsi, ils peuvent travailler quel que soit le matériel dont ils disposent. »

Cela paraît simple, n’est-ce pas ? En fait, ce n’est pas vraiment le cas. « Bien que la virtualisation existe depuis de nombreuses années, elle a toujours connu des problèmes de performance », remarque Jakob Blomer, boursier au sein du groupe PH-SFT, et auteur et développeur principal du système de fichiers du CernVM. « Mais avec les récents progrès techniques enregistrés en matière de virtualisation sur les systèmes informatiques individuels, il est maintenant plus facile d’utiliser une machine virtuelle. »

L’équipe du projet CernVM a en fait découvert un tout nouveau moyen de pourvoir aux besoins en informatique des expériences. En effet, elle offre maintenant aux expérimentateurs non seulement une plateforme unique, mais également les logiciels des expériences les plus récents grâce à un système de fichiers en ligne. 

Avec tous les logiciels d’analyse que les expériences publient régulièrement, les utilisateurs ont parfois de la peine à suivre. « Nous avons créé le système de fichiers CernVM, qui utilise les logiciels les plus récents, pour éviter aux utilisateurs de devoir sans cesse se mettre à jour, explique Blomer. Ce système permet de télécharger les nouveaux logiciels des expériences. Cette solution est avantageuse pour tout le monde : il nous suffit d’envoyer une petite machine virtuelle, au contenu facile à diffuser, et le CERN envoie aux utilisateurs des mises à jour automatiques de leurs logiciels. » Ainsi, toutes les expériences LHC sont assurées que leurs logiciels sont exécutés sur le bon système, tandis que les développeurs peuvent concentrer leurs efforts sur une seule plateforme virtuelle.

Si les expériences du CERN ont déjà toutes adopté la virtualisation, le meilleur reste à venir après la virtualisation, l’année dernière, de toute l’infrastructure du CERN. Attendez-vous à encore entendre parler du potentiel de la virtualisation, à commencer par un prochain article du Bulletin, dans lequel nous verrons comment les machines virtuelles sont utilisées pour préserver des données et des logiciels en voie de disparition.

par Katarina Anthony