La nouvelle direction de LHCb se prépare à relever 2 défis

À compter du 1er juillet, une nouvelle équipe prendra la direction de LHCb, une des quatre grandes expériences du LHC. Elle devra faire face à deux défis de taille : la période d'exploitation 2 et le long arrêt technique qui lui succédera, lors duquel LHCb fera l’objet de travaux d’amélioration majeurs. Dans l’intervalle, le rêve de découvrir une physique nouvelle pourrait être à portée de main...

 

Guy Wilkinson, le nouveau porte-parole de LHCb.
 

« Nous devons nous assurer que le détecteur se réveille bien après sa longue période d’hibernation, et qu’il se remette à collecter des données de la manière la plus efficace possible. Nous devons également vérifier que nous sommes capables de traiter cet ensemble de données pour produire des résultats de physique de qualité », annonce Guy Wilkinson, nouveau porte-parole de la collaboration LHCb. Bien que ces objectifs semblent déjà représenter un travail considérable pour les mois à venir, ce n'est que le début d'un programme beaucoup plus vaste et ambitieux. « L’équipe dirigeante précédente a réalisé un travail remarquable en analysant les données récoltées durant la période d‘exploitation 1. Elle a également établi des bases solides pour l’amélioration de LHCb, un projet majeur qui sera mis en route après le deuxième long arrêt. »

Au cours du long arrêt technique de 2018-2019, la collaboration LHCb prévoit de remplacer toute l’électronique des sous-détecteurs, en plus du détecteur de vertex, du détecteur RICH, du trajectographe et du système de déclenchement. « Nous exploiterons notre détecteur avec une luminosité plus élevée et nous lirons ses données avec un débit plus élevé, explique Guy Wilkinson. De cette manière, nous pourrons mieux tirer profit de l'énorme production de quarks beauté et charme au LHC. »

L’ambitieux programme d’amélioration sera réalisé par l’ensemble de la collaboration, y compris plusieurs nouveaux instituts qui l’ont rejointe ces dernières années. « Les chercheurs qui travaillent sur la physique des saveurs ont vu le travail remarquable que nous avons accompli au cours de la période d’exploitation 1 et ils souhaitent nous rejoindre pour prendre part à la période d’exploitation 2, commente Guy Wilkinson. Ils sont très enthousiastes à l'idée que l’on construise les nouveaux sous-détecteurs dont nous aurons besoin pour l'amélioration de l'expérience. »

« Le travail qui nous attend ces prochaines années est considérable puisque nous devrons collecter des données, les analyser et commencer la construction des nouveaux détecteurs. Mais le véritable défi pour la nouvelle équipe dirigeante sera de jongler entre ces différentes activités simultanément. Les mêmes personnes seront souvent sollicitées, donc nous serons très occupés », ajoute Monica Pepe-Altarelli, nouvelle porte-parole adjointe de la collaboration LHCb.

Les possibilités de physique qu’offre LHCb sont très stimulantes, tant pour la période d’exploitation 2 que pour celle qui suivra le programme d’amélioration prévu. Certains des résultats issus de la période d'exploitation 1 semblent indiquer de légères tensions avec le Modèle standard. Celles-ci pourraient disparaître, mais la seule manière d'y voir plus clair est de continuer à étudier ces phénomènes à la lumière des nouvelles données. « Notre rêve serait de rassembler suffisamment de mesures précises, pour qu’un jour nous puissions observer sans ambiguïté quelque chose que le Modèle standard ne puisse expliquer, dit Guy Wilkinson. Jusqu’ici, il n’y a jamais eu d’observation directe de nouvelles particules associées à la physique au-delà du Modèle standard. Cependant, les études précises que nous réalisons sur les phénomènes aux énergies relativement basses sont en principe très sensibles à l’effet de telles particules, comme celles prédites par la supersymétrie. Nous espérons trouver dans nos données la preuve incontestable de leur existence. »

Alors que les objectifs de Guy Wilkinson restent de maintenir les excellentes performances du détecteur, de préparer les travaux d’amélioration et de conserver l’un des plus hauts taux au monde de publication scientifique par membre, ses priorités sont claires : « Nous voulons tout faire pour que LHCb reste une collaboration heureuse et que toutes les personnes qui y participent se sentent sur un pied d’égalité, avec la même part de responsabilités, et que chacun et chacune puissent être fiers des résultats de l'expérience. Nous avons toutes les cartes en main pour que tout se passe bien, mais la nouvelle équipe sera en tout cas à l’écoute et ouverte, et encouragera en particulier les jeunes et les physiciennes à venir présenter leurs idées et attentes concernant l'expérience. J’aimerais qu’on nous perçoive comme une équipe ouverte, et j’espère que le temps nous donnera raison », conclut-il.

par Antonella Del Rosso