Renforcer le CERN et la physique des particules dans un environnement mondial en constante évolution

Alors que la Roumanie deviendra fin juillet le 22e État membre du CERN, le moment est propice pour faire le point sur le processus d’élargissement géographique qui s’est amorcé en 2010. 

 

Je commencerais par fixer le contexte. Le CERN mène à bien ses activités dans un monde de plus en plus complexe et mondialisé. Les évolutions politiques et économiques intervenant en Europe et bien au-delà peuvent avoir – directement ou indirectement – une incidence sur nos activités, à court terme ou à beaucoup plus longue échéance. Nous devons anticiper ces changements autant que possible, tout en nous montrant suffisamment souples pour relever les défis auxquels nous ne nous attendons pas.

Le référendum organisé le 23 juin dernier au Royaume-Uni sur le maintien ou non de ce pays dans l’Union européenne en est un parfait exemple. Le CERN ayant été fondé dans le but de faciliter la coopération entre les pays, le Brexit est une réalité inconfortable pour beaucoup d’entre nous. Il s’agit néanmoins du résultat d’un processus politique au sein de l’un de nos États membres fondateurs, et nous devons le respecter. Quelle que soit la direction que prendra maintenant le Royaume-Uni, nous travaillerons avec la communauté des physiciens des particules de ce pays pour nous assurer que, des deux côtés, nous pourrons continuer à récolter les bienfaits de la participation du Royaume-Uni aux activités du CERN.

Le Brexit montre que le CERN, en tant qu’Organisation à caractère scientifique et non politique, doit néanmoins s’adapter aux évolutions politiques et économiques du monde qui l’entoure. L’élargissement est l’un des moyens d’y parvenir. Il nous permet de le faire d’une façon équilibrée, mesurée et réfléchie, en ayant systématiquement en vue un objectif prioritaire : renforcer notre discipline et le travail scientifique du CERN sur le long terme.

Avec l’arrivée de la Roumanie, seuls deux nouveaux États membres ont rejoint le CERN depuis 2010. Durant la même période, trois pays sont devenus États membres associés. Cette lenteur s’explique parfaitement. En effet, nous voulons être sûrs que, lorsqu’un nouveau pays rejoint la famille du CERN, son adhésion est bénéfique pour les deux parties. Les groupes de réflexion qui se rendent dans les pays demandeurs réalisent une étude approfondie. Ils doivent s’assurer que la science, les scientifiques et l’industrie du pays concerné sont prêts à tirer pleinement avantage de l’octroi du statut d’État membre associé ou d’État membre. En outre, l’élargissement est l’occasion pour le CERN de favoriser le développement de communautés de physique des particules dans le monde entier. C’est une bonne chose à la fois pour les pays concernés, pour nous, pour la physique des particules et, de manière générale, pour la recherche fondamentale.

L’élargissement rend compte de la nature mondiale de la physique des particules. Plus de 100 nationalités sont représentées aujourd’hui au sein de notre communauté d’utilisateurs. Il est donc logique que davantage de pays dont les scientifiques jouent un rôle important au CERN aient eux aussi la possibilité de bénéficier du statut d’État membre ou d’État membre associé.

En bref, l’élargissement fait partie d’un processus qui reconnaît le caractère mondial inhérent du CERN, encourage l'émergence de communautés de physique et nous permet de nous développer dans un monde en constante évolution. Il est destiné à profiter à tous les acteurs de la physique des particules, est réalisé de manière progressive et ne changera pas la manière dont nous travaillons. Nous restons un laboratoire mondial doté d’un cœur européen.

Le monde est en mutation permanente ; l’élargissement nous aide à agir sur le cours des événements, au lieu de nous laisser emporter par le vent du changement. Le processus d’élargissement tient compte de l’évolution de notre monde et nous a donné de nouveaux outils pour nous y adapter. Mais il s’inscrit dans une longue tradition d’intégration et d’ouverture, dont nous pouvons être fiers, tradition dont les principes sont depuis 60 ans au cœur même de notre travail scientifique. 

Charlotte Warakaulle, directrice des relations internationales​