Le coin de l’Ombud : rendons à César…

Brevets, droit d’auteur, marques : autant de moyens de protéger la propriété intellectuelle. Pourtant, au-delà de ces moyens de protection, certains dérapages peuvent se produire entre collègues : utilisation d’un graphique dans une présentation sans que l’auteur soit mentionné, citation attribuée faussement, référence inexacte...

 

Les arts, la musique et la littérature ne sont pas les seuls domaines touchés par le plagiat et l’appropriation indue. Les scientifiques sont souvent amenés à reprendre des éléments créés par d’autres, que ce soit lors de la phase de préparation d’un article ou pendant leurs activités quotidiennes, et il n’est pas toujours facile de se rappeler qui a fait quoi. Ce qui n’a pas d’importance dans le cadre d’un travail d’équipe, où le travail de chacun est reconnu, devient plus problématique, par exemple, lorsqu’une personne présente le travail d’une autre sans citer celle-ci, ou que quelqu’un se trouve empêché de présenter sa contribution parce qu’un collègue tient à s’attribuer tout le mérite des résultats obtenus, afin d’avoir une promotion ou dans d’autres buts.

En tant que boursière, Mary travaille sur la phase initiale d’un projet, avant de se voir assigner d’autres responsabilités au sein de la collaboration. Quelques mois plus tard, le projet est achevé, et Mary apprend avec surprise qu’un collègue plus expérimenté en a présenté les résultats finaux sans mentionner sa participation à elle, alors qu’elle a largement contribué par ses travaux à mettre le projet sur la bonne voie. Lorsqu’elle évoque la question avec le chef du projet, celui-ci fait peu de cas de ses préoccupations : il lui dit que, pour obtenir un contrat de durée indéterminée, son collègue a absolument besoin de faire figurer ce travail sur son CV, et que ce collègue est une figure-clé de l’équipe. Mary pense que mentionner ce travail sur son CV à elle aurait également été important, mais n’ose pas insister ; elle aussi espère occuper un jour un poste dans l’équipe.

Le Code de conduite du CERN énonce clairement que nous devons faire preuve d’Intégrité en « veill[ant] à reconnaître les contributions d’autrui ».

Cette recommandation est valable pour tous les collaborateurs du CERN mais, en tout état de cause, il est de la responsabilité du superviseur de s’assurer que nul ne s'approprie injustement le travail d'un collègue dans une équipe. L’Organisation a une responsabilité supplémentaire envers les boursiers, car elle se doit de leur offrir les meilleures perspectives d’évolution professionnelle possibles, et donc de garantir que les travaux effectués durant leur formation sont dûment reconnus.

Veiller à ce que la contribution de chacun soit reconnue tout en mettant l'accent sur le travail d'équipe est parfois une gageure pour les superviseurs, qui se concentrent sur les résultats. Cependant, on ne peut nier que faire cet effort a des conséquences très positives sur la motivation à long terme et sur la productivité des équipes. En effet, si l’on se réfère au Code de conduite du CERN, le respect strict de la propriété intellectuelle dans le cadre de la valeur Intégrité est contrebalancé par une recommandation qui incite, dans le cadre de la valeur Créativité, à savoir « partage[r] avec nos collègues à l’intérieur du CERN toute information pouvant leur être utile dans leur travail ». Au sein de vastes collaborations, la contribution de certaines personnes est parfois passée sous silence ; il appartient alors aux superviseurs de veiller à ce qu'il n'existe aucune ambiguïté quant à l'attribution du mérite.

Chacun, depuis le boursier jusqu’au scientifique expérimenté, en passant par l’étudiant, contribue à sa manière au succès des projets de l’Organisation. Chacun mérite que soit reconnue sa participation à l'entreprise scientifique complexe qui est la nôtre.  
 

Adressez-vous à l’Ombud sans attendre !

 


N.B. : vous pouvez retrouver tous les « Coins de l’Ombud » sur le blog de l’Ombud.

par Sudeshna Datta-Cockerill