La physique des particules au CERN va bien au-delà des collisionneurs

Le programme scientifique du CERN doit être attractif, unique, diversifié et intégré dans le paysage mondial de la physique des particules. L’un des objectifs premiers du CERN est d’offrir toute une gamme d’excellentes possibilités de recherche et de faire en sorte que ses installations uniques au monde soient utilisées au mieux en vue d’obtenir le meilleur retour scientifique.

 

Dans cet esprit, nous avons récemment mis sur pied un groupe d’étude sur la physique au-delà des collisionneurs, qui a pour mandat d’explorer les possibilités exceptionnelles offertes par le complexe d’accélérateurs du CERN pour traiter de quelques-unes des questions en suspens de la physique des particules au moyen de projets complémentaires des collisionneurs de haute énergie et d’autres projets dans le monde. Ce groupe d’étude recueillera des éléments d’information en vue de la prochaine mise à jour de la stratégie européenne pour la physique des particules.

Le coup d’envoi du processus a été donné lors d’un atelier de deux jours organisé au CERN les 6 et 7 septembre par les coordinateurs du groupe d’étude : Joerg Jaeckel (Heidelberg), Mike Lamont (CERN) et Claude Vallée (CPPM Marseille et DESY). L’objectif était de présenter des idées de théories et d’expériences, et d’entendre des propositions d’expériences stimulantes pouvant être réalisées auprès d’un ensemble d’accélérateurs extrêmement divers. Des linacs au SPS, les accélérateurs du CERN sont à même de fournir des faisceaux de haute intensité pour une vaste gamme d’énergies, de particules et de structures temporelles.

Plus de 300 personnes ont participé à l’atelier, dont trois quarts environ n’étaient pas du CERN. Suite à l’appel à propositions, une trentaine de sujets de discussion ont été soumis, dont les deux tiers environ ont été retenus pour l’atelier. Il a été intéressant de voir l’esprit de concurrence dans la collaboration, qui caractérise notre discipline, se développer au fil de l’atelier. Les propositions portaient sur des questions de physique fondamentale, selon des approches complémentaires à celles pour lesquelles les collisionneurs sont les mieux adaptés. Parmi les sujets évoqués, citons, entre autres, la recherche de particules du secteur noir, la mesure du moment dipolaire électrique du proton, les études de désintégrations ultra-rares, la recherche d’axions, et bien d’autres encore. 

La prochaine étape consistera à organiser le travail afin de développer et de consolider les idées qui ont germé lors de l’atelier, et celles qui pourraient naître dans les mois à venir. Des groupes de travail étudieront l’intérêt de ces idées pour la physique et leur faisabilité technique, dans une perspective planétaire : en effet, réaliser ici des recherches qui pourraient être menées ailleurs ne permet pas de tirer parti au mieux des ressources dont la discipline dispose dans le monde entier.

J’ai hâte de voir les interactions et les activités que ces groupes de travail vont susciter dans les années à venir, et de lire le rapport qui sera remis en 2018 en vue de la prochaine mise à jour de la stratégie européenne. J’en suis convaincue, la physique avec ou sans collisionneur est promise à un brillant avenir au CERN.

Fabiola Gianotti