Dipôles du LHC : le compte à rebours est lancé

Un aimant dipôle du LHC vient d'atteindre un champ magnétique record de 9 teslas d'une traite et sans quench. Le défi est désormais d'augmenter la cadence de production pour atteindre 35 aimants livrés par mois en 2004. Le compte à rebours est lancé, comme l'affiche depuis peu un panneau d'information au bâtiment 30.

Le Directeur général, Luciano Maiani, dévoile le nouveau panneau électronique, qui affiche le compte à rebours pour les aimants dipôles du LHC.

Pour ceux qui douteraient de la détermination des équipes du LHC, un petit tour au quatrième étage du bâtiment 30 est instructif. A la porte d'entrée du couloir du groupe MMS (Aimants principaux et supraconducteurs), qui bouillonne d'activité, un panneau électronique décompte le nombre d'aimants dipôles supraconducteurs qu'il reste à fabriquer et le nombre de jours avant la date limite de livraison, le 30 juin 2006. Ce panneau d'affichage, inauguré le 11 octobre dernier par le Directeur général, a été installé sur une idée de Lucio Rossi, le chef du groupe MMS, en charge de la construction des aimants dipôles. « Ce panneau montre que le défi est ambitieux mais réalisable, explique Lucio Rossi, Nous sommes confiants dans notre réussite. Je me suis d'ailleurs engagé sur une date ! » Bien décidé à chasser tout soupçon de pessimisme, Lucio Rossi affiche une détermination à toute épreuve. D'autant que les difficultés techniques sont désormais surmontées.

Lyn Evans, chef du projet LHC, Carlo Wyss, Directeur des accélérateurs, le Directeur général Luciano Maiani, Lucio Rossi, chef du groupe MMS et Jos Vlogaert, du groupe MMS, lors du pot pour célébrer les performances techniques des aimants dipôles et l'inauguration du nouveau panneau d'information.

Les derniers aimants délivrés affichent des performances excellentes. Ainsi, l'aimant codé 1012, fabriqué par la firme française Alstom-Jeumont, a atteint d'une traite après sa mise sous alimentation un champ magnétique de 9 teslas, sans aucun « quench »*(transition résistive). Ce résultat est supérieur au champ nominal de fonctionnement de 8,3 teslas. Quelques jours après, un aimant fabriqué par l'allemand BNN (Babcock Noell Nuclear) atteignait à son tour les 9 teslas après seulement un quench. « Ce sont les champs les plus élevés jamais atteints par des aimants d'exploitation destinés à des accélérateurs », souligne Lucio Rossi, « Et c'est le signe que le défi n'est plus technique, mais industriel. »
Le groupe MMS et les trois constructeurs - Alstom-Jeumont, BNN et Ansaldo - s'activent donc maintenant à remporter le pari industriel. Pour l'instant, 20 aimants ont été produits sur les 1232 qui descendront dans le tunnel. L'objectif est de monter progressivement en cadence pour produire 35 aimants par mois au printemps 2004 ! « Lorsque la cadence atteindra son maximum, 330 personnes travailleront à l'assemblage des masses froides chez les trois constructeurs », remarque Lucio Rossi. Pour remporter le pari, une quinzaine d'ingénieurs et techniciens du CERN, dirigés par Jos Vlogaert, passe une grande partie de leur temps chez les constructeurs.
Enfin, une autre bonne nouvelle a redonné du baume au coeur des équipes. L'entreprise allemande BNN a poursuivi la production des aimants, malgré la crise financière qui a touché sa maison mère Babcock Borsig AG. La filiale BNN a été déclarée profitable par le tribunal et de nouveaux contrats ont été signés.

* Un quench, ou transition résistive, est le passage de l'aimant de l'état supraconducteur à l'état conducteur, et donc l'apparition d'une résistance suite à un échauffement. Un quench dans un aimant entraînera une perturbation de toute la chaîne de fonctionnement du LHC. (Retour)