Un jubilé en images : Une nouvelle catégorie de détecteurs



Dans les années 60, la détection en physique des particules consistait essentiellement à examiner des millions de photographies de chambres à bulles ou à étincelles. C'était un travail lent, qui nécessitait beaucoup de monde et qui ne convenait pas pour l'étude des phénomènes rares, de sorte qu'il se constituait des goulets d'étranglement qui auraient pu porter préjudice aux progrès de la physique des hautes énergies.
La révolution du transistor favorisa l'éclosion d'idées nouvelles. Alors qu'une caméra pouvait détecter une étincelle, un fil de détection relié à un amplificateur était capable de déceler un effet bien plus ténu. En 1968, Georges Charpak créa la « chambre proportionnelle multifils », un boîtier rempli de gaz comportant un grand nombre de fils de détection parallèles connectés chacun à un amplificateur. Ce dispositif, relié à un ordinateur, permettait d'obtenir un taux de comptage mille fois supérieur à ceux des techniques existantes, sans nécessiter de caméra.
De nos jours, la quasi-totalité des expériences de physique des particules utilisent des types de détecteurs de traces fondés sur le principe de la chambre proportionnelle multifils. Cette technologie est employée également dans de nombreux autres domaines qui ont recours aux rayonnements ionisants, comme la biologie, la radiologie ou la médecine nucléaire.
Georges Charpak, auquel le prix Nobel a été décerné en 1992 pour ses travaux sur les détecteurs de particules est photographié ici à gauche, aux côtés de Fabio Sauli et de Jean-Claude Santiard. Ils travaillent sur l'une des premières grandes chambres proportionnelles multifils du CERN.