Une dernière coulée pour le LHC

Le premier grand contrat signé pour le LHC touche à sa fin. Au terme d'un excellent partenariat avec le CERN, l'entreprise Cockerill Sambre (Groupe Arcelor) a produit 50 000 tonnes d'acier pour les culasses des aimants supraconducteurs de l'accélérateur.


Philippe Lebrun, chef du département AT, Lyn Evans, chef du projet LHC, et Lucio Rossi, chef du groupe AT-MAS, devant la dernière coulée d'acier dans l'usine Cockerill Sambre pour le LHC.

Une belle coulée rouge feu a marqué la fin de l'un des plus grands contrats pour la machine du LHC. Fin mai, Lyn Evans, chef du projet du LHC, Philippe Lebrun, chef du département AT, Lucio Rossi, chef du groupe Aimants et supraconducteurs (AT-MAS), et Francesco Bertinelli, chef du centre de composants du groupe AT-MAS, étaient invités par l'entreprise belge Cockerill Sambre du groupe Arcelor à assister à la dernière coulée d'acier en fusion pour les culasses des aimants supraconducteurs du LHC. Ces culasses, qui mises côte à côte représentent une longueur de 20 kilomètres, constituent environ 80% du poids de l'accélérateur.

L'achèvement de cette production est d'autant plus symbolique qu'il s'agit du premier grand contrat conclu pour la machine. «D'un montant de 60 millions de francs suisses, il avait été signé juste après l'approbation du projet LHC par le Conseil du CERN en décembre 1996 », rappelle Lucio Rossi.

Cockerill Sambre a fourni 50 000 tonnes d'acier à basse teneur en carbone sous forme de tôles. Ces tôles sont ensuite estampées chez d'autres fournisseurs. Alignées côtes à côte, les formes ainsi découpées constituent les culasses des aimants.

L'acier délivré au CERN a fait l'objet d'un développement particulier. L'épaisseur des tôles est notamment supérieure à celle habituellement demandée. « Cockerill Sambre est parvenu à produire des tôles de 5,8 millimètres d'épaisseur dotées de très bonnes propriétés magnétiques », se félicite Lucio Rossi. Cette épaisseur a été définie afin de limiter le nombre d'estampages et, par conséquent, les coûts et les délais de production des culasses et d'assemblage des aimants. Un traitement spécifique des tôles a également été mis au point pour éviter la corrosion et les couplages magnétiques. Effectué au moment de la production, ce traitement consiste en une faible oxydation des plaques. Peu onéreux, il a permis d'économiser plusieurs millions de francs en évitant un traitement ultérieur bien plus cher. «  Cockerill Sambre a trouvé depuis d'autres débouchés à cet acier spécialement élaboré pour le CERN », souligne Lucio Rossi.

Ce contrat est d'autant plus exemplaire que le Laboratoire avait opté pour un fournisseur unique afin que toutes les tôles présentent des qualités similaires. L'entreprise a fait preuve d'une grande fiabilité, acceptant par exemple de travailler avec les instruments de contrôle du CERN. Cette excellence avait d'ailleurs valu à la compagnie en 2002 le premier « Hadron d'Or » récompensant les meilleurs fournisseurs du LHC.

Signe que la machine arrive dans la dernière étape de sa construction, d'autres grands contrats sont en train de s'achever. Il y a peu, la production des 60 kilomètres de tubes à vide dans lesquels circuleront les faisceaux du LHC a pris fin. Ces tubes, d'une longueur exceptionnelle de 16 mètres, devaient être extrudés en continu. En acier austénitique, ils ne comportent aucune soudure pour garantir une parfaite étanchéité entre le vide intérieur et l'hélium superfluide à l'extérieur. Une seule compagnie, DMV à Bergame en Italie, avait relevé le défi. Là encore, le partenariat avec le CERN a été couronné de succès.