Le World Wide Web a vingt ans !

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Il y a vingt ans, au mois de mars, survint au CERN un événement qui allait révolutionner le monde : Tim Berners-Lee remettait à Mike Sendall, son superviseur, un document intitulé « Information Management : a Proposal » (gestion de l’information : une proposition). « Vague, but exciting » (un peu vague, mais prometteur) furent les mots que Mike Sendall écrivit sur le document, autorisant Tim Berners-Lee à poursuivre son projet, sans se douter que celui-ci deviendrait l’un des outils de communication les plus importants jamais créés.


Tim Berners-Lee, au centre, discute du futur du World Wide Web avec quelques-uns de ses «disciples» du web. De gauche à droite: Chris Bizer, Tom Scott, Dan Brickley et Stéphane Boyera.

Regardez l'interview avec Tim Berners-Lee !

Le 13 mars, Tim Berners-Lee est revenu au CERN pour y fêter le vingtième anniversaire de la naissance du World Wide Web. Plusieurs autres pionniers du web étaient de la partie, en particulier Robert Cailliau et Jean-François Groff, qui travaillaient avec Tim Berners-Lee au début du projet, ainsi que Ben Segal, qui était alors l’un des responsables de l’informatique au CERN. Entre deux évocations des premières années du web et de la vie au CERN à l’époque, les quatre orateurs ont fait une démonstration du fonctionnement du tout premier navigateur web sur l’ordinateur NeXT d’origine.

Il n’a cependant pas été question que de l’histoire du web. Dans son discours, Tim Berners-Lee a expliqué ses attentes et ses espoirs pour le web: «Il y a aujourd’hui presque autant de pages web que de neurones dans le cerveau humain. La seule différence, c’est que le nombre de pages web augmente à mesure que le web vieillit.» Son discours a été suivi d’une table ronde où des spécialistes du web se sont entretenus de l’avenir de celui-ci (voir l’article «Démêler la toile»).

La retransmission de l’événement est en ligne sur le site de CDS, à cette adresse.
Sur la toute première page web, vous trouverez des informations sur l’histoire du web: http://info.cern.ch/

Démêler la toile

Un voyage à travers l’histoire de la toile, du passé vers l’avenir.

Flash-back en mars 1999. Le World Wide Web fête alors ses 10 ans. Vous allumez votre ordinateur et lancez la connexion à 56 kbit/s. Votre modem couine pendant 30 secondes et, ça y est, le web est à vous! Mais vous n’y trouvez ni wikipedia, ni youtube, encore moins facebook et le mot «blog» est encore un mystère.

Dix ans plus tard, le World Wide Web est méconnaissable. Aujourd’hui, on s’en sert non seulement pour trouver des informations et faire ses courses, mais aussi pour y mettre ses propres données et pour exprimer ses opinions. À l’ère du «Web 2.0», les utilisateurs agissent bien plus sur le contenu de la toile qu’auparavant.

Cette évolution avait d’ailleurs déjà été prévue par Tim Berners-Lee et ses collègues aux premiers jours du web. Lorsqu’il créa son navigateur web d’origine (le logiciel utilisé pour consulter les pages web), Tim Berners-Lee le conçut comme un éditeur, permettant à chaque utilisateur de créer une page web et de la tenir à jour. Ce n’est cependant qu’au début des années 2000 que l’idée d’un support créatif a germé.

Après avoir quitté le CERN, en 1994, Tim Berners-Lee fonda le World Wide Web Consortium (W3C), dont l’objectif est d’élaborer des lignes directrices assurant le développement à long terme du web. Mais quelles autres prédictions font Tim Berners-Lee et le W3C sur l’avenir du web? À quoi pourrait ressembler la toile dans 30 ans? Voici quelques-uns des scénarios les plus probables:

Le web sémantique est un système qui permettrait aux machines d’accomplir toutes les tâches fastidieuses. Le principe est de créer un web où les machines seraient capables de lire les pages comme le font les humains. L’objectif est de «passer d’un moteur de recherche à un moteur de réponses, explique Chris Bizer, spécialiste du web, lorsque je fais des recherches sur le web, je ne veux pas trouver des documents, je veux trouver les réponses à mes questions!» Si votre moteur de recherche arrive à comprendre le contenu d’une page web, il peut alors répondre exactement à votre question, plutôt que de vous présenter une simple liste de liens web.

Comme l’explique Tim Berners-Lee: «Le web sémantique est un web de données. Nous utilisons tous chaque jour une masse de données qui ne se trouvent pas sur le web. Par exemple, je peux consulter mes relevés de compte et regarder mes photos sur le web, et voir mes rendez-vous dans mon agenda. Mais je ne peux pas voir mes photos dans mon agenda pour savoir ce que je faisais quand je les ai prises. Je ne peux pas non plus y consulter mes relevés de compte. Pourquoi? Parce que nous ne disposons pas d’un web de données. Parce que les données sont gérées par des applications et que chaque application les garde pour elle-même.»

L’indépendance vis-à-vis des équipements (device independence) est une initiative en faveur d’un accès plus diversifié au web. Il y a quelques années encore, on accédait au web presque toujours par une station de travail ou un ordinateur personnel. Aujourd’hui, on peut y accéder par un téléphone mobile, un téléphone intelligent, un assistant numérique, un système de télévision interactive, un système à réponse vocale, une borne interactive, voire par certains appareils ménagers! Bientôt, notre réfrigérateur pourra se connecter au web et commander du lait dès qu’il aura constaté qu’il n’y en a plus.

Le web mobile est l’une des technologies web connaissant les progrès les plus rapides. Dans le monde entier, on accède déjà davantage au web par des dispositifs portatifs, comme des téléphones mobiles, que par des ordinateurs. Cette technologie est particulièrement importante dans les pays en développement, où la téléphonie fixe et «le large bande» sont encore peu répandus. En Afrique, les pêcheurs se servent de leur vieux téléphone mobile pour vérifier sur le web le prix du poisson sur le marché afin de vendre leur pêche du jour au meilleur prix. Le W3C s’efforce de créer des normes relatives à la navigation sur le web à partir des téléphones, et encourage une plus grande accessibilité du web à travers le monde.

Pour des précisions sur la vision d’avenir du W3C pour le web, consulter le site: http://www.w3.org/Consortium/future

Apprendre en jouant avec CERNland

Votre petit voisin vous pose d’impossibles questions sur le LHC, et vous n’avez pas envie de le plonger dans la littérature. Envoyez le sur CERNland! Lancé officiellement à l’occasion des 20 ans du web, CERNland est un site web destiné aux jeunes qui fait découvrir les recherches du CERN de manière ludique. Le site contient des informations en images, des vidéos, et surtout neuf jeux différents sur le LHC, le Centre de contrôle, l’antimatière ou même… le restaurant. «L’objectif premier est de faire jouer les enfants, explique Antonella del Rosso, du groupe communication du CERN, qui a en partie mené le projet, et en jouant, ils en apprennent un peu plus sur les recherches menées au CERN.» Les jeunes n’ont donc pas besoin de se creuser les méninges pour jouer dans CERNland. Mais, ceux qui s’aventurent dans les espaces d’informations sont mieux préparés à répondre aux questions et, donc, à gagner!

«Dans de nombreux secteurs de l’économie, on manque de physiciens, a expliqué Rolf Heuer, le directeur général du CERN, au moment du lancement du site. Pour inciter les jeunes à se tourner vers la physique, nous devons susciter très tôt leur intérêt pour le type de science que nous pratiquons au CERN, une science axée sur les découvertes et qui s’intéresse aux questions les plus fondamentales sur l’Univers.» CERNland a été développé au cours des derniers dix-huit mois par une petite équipe menée successivement par Rosy Mondardini et Antonella del Rosso. Toutefois, la version actuelle constitue une première étape et le site pourrait être enrichi et amélioré dans un futur proche.

Pour voyager dans CERNland, suivez ce lien !