Philippe Bloch: Renforcer les synergies entre le CERN et les expériences

Avec son mélange unique de quelques centaines de membres du personnel titulaire et de milliers d’utilisateurs du monde entier qui partagent bureaux, compétences professionnelles et données de physique, le département PH est un bon exemple de réussite d’une collaboration mondiale créée pour construire et exploiter les expériences de physique dans le Laboratoire.



Le département PH est le département qui accueille depuis toujours les milliers d’utilisateurs qui contribuent et participent aux expériences du CERN. Une présence qui ne fera qu’augmenter dans les années à venir. Fort d’une longue expérience en tant qu’utilisateur, suivie par son rôle de chef du groupe CERN dans la collaboration CMS, Philippe Bloch, le nouveau chef du département PH, prône un rapprochement du département avec les expériences. « Je pense que la direction de PH doit avoir un lien direct avec les expériences et pour ce faire j’ai créé un « Conseil » de gestion composé de membres de la direction du département mais aussi de membres des expériences et d’une personne qui travaille dans le transfert de technologie.

Dans ce même esprit, nous mettons en place au sein du département une nouvelle équipe d’ingénieurs et de techniciens avec des compétences spécifiques dans le domaine du refroidissement des détecteurs pour épauler l’équipe du département EN, car nous nous sommes rendus compte que les ressources nécessaires ont été sous-estimées, ce qui pourrait poser des difficultés aux expériences. »

Être le point d’entrée pour les utilisateurs demande la mise en place d’une logistique très performante et, surtout, très flexible car le flux de visiteurs est très variable durant l’année et difficilement prévisible. Pour répondre au problème d’une gestion optimale des bureaux et des services annexes, le département PH a inventé le concept de « burhotel ». « Le burhotel est un espace ouvert avec plusieurs bureaux tous équipés d’accès au réseau, explique Philippe Bloch. Nous avons réalisé un premier prototype de burhotel au bâtiment 510, qui a été utilisé par les étudiants d’été en 2008. Nous pensons maintenant améliorer et reproduire ce concept et en faire une vraie philosophie pour résoudre les problèmes d’accueil des visiteurs. »

Le département PH doit son excellente performance aux utilisateurs, mais aussi à son personnel CERN, dont les effectifs ont cruellement diminué au cours des dernières années. « Pour offrir un soutien de qualité, il est essentiel de maintenir les effectifs au moins au niveau actuel. Nous avons demandé une augmentation du nombre de postes de physiciens de recherche à durée limitée pour pouvoir maintenir le niveau d’expertise dans l’analyse des données et continuer à faire de la physique de pointe. Nous comptons aussi augmenter le nombre de boursiers grâce à un projet de financement en partenariat avec la Commission européenne », remarque Philippe Bloch.

L’objectif prioritaire de PH en 2009 est clairement d’entrer à pleine vitesse dans la phase de production et d’analyse des données du LHC qui seront bientôt disponibles. « Les expériences sont toutes très bien préparées, prêtes pour le redémarrage du LHC. Nous collaborons aussi directement avec les équipes des autres départements qui travaillent aux réparations de la machine. Par exemple, des membres de PH partagent leur expertise pour la réalisation de cartes électroniques qui seront utilisées dans le système de protection contre les transitions résistives », explique Philippe Bloch.

Grâce à une communauté de scientifiques très variée, le département PH ne sous-estime pas l’importance de la diversité des activités. « Il y a de nouvelles expériences qui démarrent à l’AD (AEGIS qui va étudier la gravité de l’antimatière), au PS (CLOUD qui étudie l’effet des rayons cosmiques sur la formation des nuages) et au SPS (NA62, désintégrations rares des kaons), indique Philippe Bloch. Au mois de mai, le CERN organisera pour la première fois l’atelier sur la diversité du programme scientifique et de nouvelles idées vont peut-être naître et se développer. Nous avons aussi créé un nouveau groupe pour travailler sur la partie détecteurs des collisionneurs linéaires CLIC ou ILC. »

Un souhait particulier pour le futur ? « Le département PH est très grand et il rassemble des activités très variées. Je crois donc qu’il faut faire un effort de communication pour faire savoir aux uns ce que font les autres. Il serait bien d’avoir un peu de vie commune et d’apprendre à mieux se connaître », conclut Philippe Bloch.

Plus d’information :

http://ph-dep.web.cern.ch/ph-dep/

Atelier sur la diversité du programme scientifique (New opportunities in physics) :

http://indico.cern.ch/conferenceDisplay.py?confId=51128

Le parcours de Philippe Bloch

Physicien expérimental formé à l’Ecole normale supérieure de Paris, Philippe Bloch a travaillé au CEA/Saclay pendant plusieurs années durant lesquelles il a collaboré entre autres à l’expérience UA2. En 1984, il a reçu le prix Frédéric Joliot-Curie de la Société française de physique et dans la même année il est devenu membre du personnel CERN. Entre 1985 et 1997, il a collaboré à l’expérience CPLEAR pour laquelle il a été nommé chef du groupe CERN en janvier 1995. A partir de 2002, au sein de l’expérience CMS , il a été chef de projet du calorimètre électromagnétique, fonction à laquelle s’est ajoutée en janvier 2007 sa responsabilité du groupe CERN au sein de la collaboration CMS.