La physique des particules en 2009: permis de sourire

Julie Peasley est la gardienne d’un zoo très particulier : une collection colorée de peluches faites à la main qui représentent les particules du modèle standard et au-delà. Sa passion pour la physique, combinée à son diplôme d’art, donne aux particules leur personnalité. Elle a visité le CERN le 25 mai et rencontré les Cernois à la bibliothèque.







Les scientifiques estiment qu’ils ont «vu» une particule lorsque leurs détecteurs envoient un signal électronique et qu’un point apparaît sur l’écran de leur ordinateur. L’artiste américaine Julie Peasley va bien plus loin: elle a commencé à coudre des peluches de telle sorte que l’on peut non seulement «voir» à quoi ressemblent les particules, mais aussi jouer avec elles!

«Quand j’ai commencé, mes peluches ne souriaient pas, elles n’étaient qu’un simple visage, raconte Julie. Plus tard, j’ai compris que j’avais envie qu’elles soient heureuses et qu’elles aient l’air de s’amuser. À l’exception du neutron, qui tient à rester neutre.» Julie n’en doute pas: les particules ont une forte personnalité, «car c’est ce qu’il faut pour constituer l’Univers tout entier».

Julie se passionne pour la physique depuis son adolescence. Si elle a finalement décidé de suivre des études d’art, elle n’a jamais cessé de lire des livres de physique et, chez elle, sa bibliothèque déborde de toutes sortes de publications scientifiques et même de livres audio qui l’accompagnent lors de ses longues séances de couture. «La physique et la cosmologie m’ont toujours intéressée, explique Julie. Il y a un an et demi, j’ai été à un salon d’artisanat et j’ai vu qu’on fabriquait des petites créatures originales et je me suis dit que les particules que j’avais étudiées avaient une personnalité. Alors, pourquoi ne pas en faire de petits personnages?»

Malgré son manque d’expérience en couture, Julie a décidé de se lancer, et très vite elle a commencé à vendre ses produits sur le web (www.particlezoo.net). À peine trois mois plus tard, en mai de l’année dernière, elle a quitté son poste de graphiste et a commencé à s’occuper à plein temps de son zoo de particules. Peu de temps après, la revue PhysicsWorld mentionnait son site Internet. D’autres publications scientifiques et divers blogues ont pris le relai et fait passer le message. «Au début, je ne pensais pas que cela pourrait avoir autant de succès qu’aujourd’hui, raconte Julie. À présent, à mon avis, le succès est tel que ceux qui s’intéressent à la physique, les scientifiques, les enseignants en ont entendu parler.»

Pendant la semaine de la mise en service du LHC, en septembre dernier, Julie a vu ses ventes s’envoler au point qu’elle a dû travailler plus de 12 heures par jour pour pouvoir satisfaire la demande. «En période creuse, je fabrique entre 5 et 10 particules en peluche par jour, mais je peux aller jusqu’à 30-40 lorsqu’il y a beaucoup de commandes», explique Julie.

Elle a également essayé de faire produire à grande échelle ses particules en Chine, «mais je ne l’ai fait que pour l’électron, car il me faudrait avancer beaucoup d’argent pour la production en masse de l’ensemble de mes peluches, et je ne fais pas encore assez de bénéfices».

Au vu des ventes réalisées par Julie, le public semble plus apprécier les particules théoriques, celles qui n’ont pas encore été découvertes, que les particules standard. Et, malgré toute la publicité dont elle bénéficie depuis la sortie de la superproduction hollywoodienne Anges et démons, «l’antimatière ne se vend pas très bien. La palme revient au boson de Higgs, devant la matière noire. Avec leur rose et la couleur rose, les quarks «charme» marchent très bien à la Saint-Valentin!»

Comme tout scientifique qui se respecte, l’artiste va bientôt explorer de nouveaux territoires. Son prochain jouet sera le «canard quantique», qui devrait être disponible cet été. «Le canard quantique est mon projet secret, nous révèle Julie. Ce sera comme les poupées russes: vous ouvrez la poupée, vous trouvez le canard, la molécule, puis les quarks et ainsi de suite, de plus en plus petit.» Pourquoi un canard? «Au moment où l’idée m’est venue, il devait y avoir des images de canards sur mon calendrier. Alors j’ai décidé de faire un canard!»

Quand il s’agit d’art, l’imagination de Julie n’a pas de limite. Dans son zoo, les particules peuvent même se désintégrer et donner naissance à de nouveaux objets lors d’interactions. J’ai fait la désintégration du quark top pour le Laboratoire Fermi: c’est une peluche réversible, avec une fermeture éclair qui laisse apparaître un gros quark b, et qui contient un mini anti-muon et un mini neutrino muonique. J’aimerais réaliser la désintégration du neutron de la même manière».

Toutes les particules sont jolies et pleines d’énergie positive. Les préférées de Julie sont le proton et le photon alors que, selon elle, personne ne semble aimer le tau… Et vous, laquelle préférez-vous?

Choisissez votre peluche préférée et gagnez-la!

Participez au tirage au sort organisé par le service de Presse et gagnez une particule faite exprès pour vous par Julie. Envoyez un e-mail à bulletin-editors@cern.ch en spécifiant laquelle vous préférez et pourquoi. Le 10 juin, vous saurez si vous êtes l’heureux gagnant!