DÉFENDRE LA RECHERCHE FONDAMENTALE

Madame, Monsieur la/le Ministre,

En juin 2010, le Conseil du CERN a repoussé l’approbation du plan à moyen terme proposé par la Direction et demandé une révision à la baisse de ces prévisions budgétaires. L’Association du Personnel du CERN condamne cette politique principalement préoccupée par le court terme et tient à vous le faire connaître.

En 2000 à Lisbonne, les États Membres de l’Union Européenne voulaient pour 2010 une Europe ayant « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde… ». Pour cela, ils ont notamment décidé en 2003 à Barcelone de porter le niveau de leurs investissements nationaux en R&D à 3 % de leur PIB en 2010.

Ils exprimaient ainsi leur volonté de ne pas augmenter dans ce domaine l’écart avec les États Unis afin de mieux construire l’avenir face à la mondialisation de l’économie. On sait ce qu’il est advenu depuis : avant même la crise de 2008, ils ont renoncé à cet objectif. Aujourd’hui, ils arrivent à grand peine au niveau de 1,85% du PIB.

Durant les graves crises économiques que l’Europe a traversées pendant les années d’existence du CERN –– sans parler de l’époque même où il est né, époque où les États fondateurs ont décidé d’unir leurs efforts pour créer ce premier Laboratoire Européen –– les États Membres ont toujours tenu à assurer un avenir à cette recherche et à l’amener à un niveau comparable à celui des États Unis. Ils ont aujourd’hui gagné ce pari.

Les efforts des États Membres et la politique qu’a pu mener le CERN pour attirer, motiver et garder un personnel ayant la plus haute compétence venant de tous les États membres, l’ont conduit au niveau d’excellence qu’il a aujourd’hui. Avec le LHC et ses installations expérimentales, le Laboratoire offre désormais aux chercheurs d’Europe et du reste du monde, des moyens qui assurent à l’Europe la première place dans le monde en physique des particules.

Grâce à sa politique affirmée de transfert de connaissances le CERN offre aussi, en permanence, une formation à des centaines d’étudiants, de doctorants et d’enseignants des États Membres. Par ses propres développements et sa politique de transferts technologiques le CERN offre au monde économique et industriel quelques unes des plus importantes technologies de pointe actuelles, dans des domaines variés, comme le Web et le GRID ou l’imagerie médicale, par exemple !

Nous voulons, avec la communauté des physiciens européens, que la Physique européenne conserve sa place et son dynamisme d’aujourd’hui. Il faut pour cela que le Laboratoire dispose des ressources indispensables pour remplir sa mission scientifique. De très dures contraintes budgétaires ont été imposées au CERN depuis de nombreuses années. Elles ont porté ses ressources à un niveau minimum. Aller au-delà compromettrait irrémédiablement son fonctionnement et ainsi son avenir.

Si les États Membres veulent conserver, en physique des particules, la place qu’ils ont aujourd’hui et qui couronne de longues années d’efforts, ils n’imposeront pas au Laboratoire les contraintes budgétaires supplémentaires qu’ils envisagent, car elles ruineraient ces efforts. Aussi, nous vous demandons, Madame, Monsieur la/le Ministre, de bien vouloir en tenir compte lors des décisions qui seront prises cette année par le Conseil du CERN.

Avec l'espoir que cet appel soit entendu, nous vous prions de croire, Madame, Monsieur la/le Ministre, à l'assurance de notre très haute considération.
 



Gianni Deroma
President of the CERN Staff Association

par Staff Association