La numérotation des bâtiments du CERN : un véritable casse-tête

Cela fait des années que les Cernois tentent de découvrir la logique qui se cache derrière la numérotation des bâtiments du CERN. Derrière ces chiffres, à première vue aléatoires, il existe forcément une explication : une sorte de deuxième Modèle standard, qui serait propre au CERN, en quelque sorte. Le Bulletin a mené l’enquête.

 

Toujours en train d'essayer de comprendre la logique des numéros des bâtiments du CERN ? Laissez tomber...

Tout le monde le sait : trouver son chemin sans guide sur le domaine du CERN relève de l’exploit. Dans ce labyrinthe, il est possible de traverser les bâtiments 33, 4, 5 puis 53 (dans cet ordre !) en empruntant un seul et même couloir. Il existe sans doute une logique pour expliquer une telle bizarrerie, mais laquelle ? « Eh bien, s'il y en a une, elle reste à découvrir, avoue Youri Robert, responsable des informations géographiques et des données liées au patrimoine au sein du groupe Services techniques et gestion du site, dans le département GS, qui est responsable de la classification des bâtiments du CERN. Nous avons bel et bien des conventions pour dénommer les bâtiments, notamment en ce qui concerne ceux liés au LHC, mais la plupart des bâtiments les plus anciens semble avoir été numérotée sans plan particulier. »

Même si Youri et son équipe sont responsables uniquement de la numérotation des bâtiments les plus récents, leur marge de manœuvre reste très limitée. Ainsi, ils ne peuvent pas réutiliser un numéro déjà attribué, même si le bâtiment correspondant a été démoli. « Vous seriez surpris de voir le peu de possibilités qu'il nous reste, explique François Villagrassa, technicien chargé des données liées au patrimoine et de l'archivage des plans. Au bout de 50 ans, il ne reste que très peu de nombres en dessous de 1 000 encore disponibles. Nous essayons de ne pas aller trop loin dans la numérotation à quatre chiffres, et de donner aux nouveaux bâtiments un nombre semblable à ceux qui les entourent, en réservant les chiffres ronds aux bâtiments les plus importants (les bâtiments 80 ou 500 en sont un bon exemple). Il faut également savoir que les chefs de projet demandent parfois qu'un nombre particulier soit attribué à un bâtiment, pour refléter la nature de leurs travaux. Nous tentons également d’attribuer un nombre compris entre 1 et 400 aux bâtiments de bureaux et un nombre entre 500 et 600 aux bâtiments de service. Nous faisons de notre mieux pour appliquer cette méthode, mais c’est loin d’être simple. »

Dans l’idéal, le département GS pourrait simplement repartir de zéro et donner un nouveau numéro à chacun des bâtiments et des salles du CERN en appliquant une seule et unique règle. Mais, dans les faits, les conséquences logistiques d’une telle restructuration la rendent impossible, car un grand nombre des bases de données du CERN s’appuie sur la numérotation actuelle des bâtiments. « Nous avons toutefois réussi à adopter des conventions de dénomination pour les bâtiments du SPS et du LHC, se réjouit Youri. Ainsi, les bâtiments liés au LHC ont deux dénominations : la première (le sigle) découle de ces règles d'attribution et désigne la fonction du bâtiment. La deuxième est donnée par le service Patrimoine, et c’est elle qui est utilisée par les services du CERN. » Par exemple, l’installation d’essai des aimants, SM18, a pour numéro de bâtiment 2173. La dénomination SM18 suit en fait les règles d'attribution à suivre pour les bâtiments du LHC : le « S » renvoie à « Bâtiments de surface », le « M » à « Aimants et autres éléments de la machine LHC », et le « 18 » à la localisation de l’installation, au Point 1.8.

La numérotation des bâtiments du CERN est donc un problème bien moins simple à résoudre qu'il n'y paraît. Mais revenons à des problèmes moins complexes, comme... le boson de Higgs, par exemple ?

par Katarina Anthony