Dernière ligne droite pour SESAME

Le jeudi 16 mai, des représentants et délégués de pays du Moyen-Orient sont venus au CERN pour participer à un événement de soutien pour SESAME, et signer un nouvel accord entre cette organisation et le CERN. Cet accord confirme un soutien international à ce projet ; la construction des installations a commencé au début de cette année.

 

Le directeur de SESAME, Khaled Toukan, et le directeur général du CERN, Rolf Heuer, lors de la signature de l'accord. Ils sont accompagnés de (de gauche à droite) : Seyed Mahmoud Reza Aghamiri, co-Vice Président du Conseil de SESAME, Chris Llewellyn Smith, ancien directeur général du CERN et actuel président du Conseil de SESAME, et Mohamed Tarek Hussein, co-Vice Président du Conseil de SESAME.

Voilà qui nous rappelle l’histoire du CERN lui-même : une collaboration scientifique, fondée sous les auspices de l’UNESCO, dont le but est la recherche physique à des fins pacifiques. Mais en l’occurrence, il ne s’agit pas de l’Europe de l’après-guerre ; c'est en Jordanie que SESAME est en train de voir le jour. Le projet est de rassembler des pays de tout le Moyen-Orient, à savoir Bahrein, Chypre, l'Égypte, l'Iran, Israël, la Jordanie, le Pakistan, l'Autorité palestinienne et la Turquie.

L'organisation SESAME a tenu son Conseil au CERN la semaine dernière, saisissant l’occasion de fortifier sa relation avec l’Organisation par un nouvel accord. « Aux termes de cet accord, et à condition que d’autres contributions apportent le financement nécessaire à l’achat du matériel requis, le CERN fournira la main-d'œuvre et le savoir-faire technique pour développer le système d’aimants, qui est au cœur du synchrotron de SESAME », explique Jean-Pierre Koutchouk, représentant du CERN pour le projet SESAME.

L’installation de recherche de SESAME, en Jordanie, devrait être terminée d’ici à la fin 2015 ; il s’agira de la première installation de physique de niveau mondial au Moyen-Orient. Son programme de recherche s’appuiera sur la lumière synchrotron intense pour effectuer des études portant sur différents domaines de recherche, notamment la médecine, la science des matériaux et l'environnement (pour plus de détails, voir l’encadré). « SESAME attirera des spécialistes de toute la région et sera l’occasion de faire de la recherche scientifique dans un environnement pacifique, où nationalités, religions et langues seront mêlées », explique le Président du Conseil de SESAME, Chris Llewellyn-Smith, ancien directeur général du CERN, lors d’une conférence qui a suivi la cérémonie de signature.  

Le synchrotron SESAME ré-assemble des éléments de la machine BESSY I, réformée, pour les utiliser comme injecteurs dans la nouvelle installation. Il utilise aussi du matériel en provenance d’autres laboratoires synchrotrons à travers le monde tels que SOLEIL (France) et aussi ALBA (Espagne), ELETTRA (Italie), Swiss Light Source (Suisse), Diamond (Royaume-Uni) et le Centre canadien de rayonnement synchrotron (Canada). « Cette collaboration au niveau international a été vitale pour SESAME, et pas seulement parce qu’elle nous a donné le matériel nécessaire, déclare Khaled Toukan, directeur de SESAME. Nous avons dû surmonter non seulement des difficultés techniques, mais aussi des obstacles politiques et humains. Le modèle fourni par le CERN et d’autres collaborations nous a été utile. »

Tous les intervenants ont confirmé que les engagements actuels des membres de SESAME et d'autres offres devraient permettre de fournir les crédits nécessaires pour achever la construction et permettre aux expériences de commencer fin 2015 avec quatre lignes de faisceau.

 

Lumière dans la science

La lumière synchrotron intense produite à SESAME peut être utilisée pour étudier la matière à une échelle atomique. On peut utiliser cette lumière pour des recherches dans de nombreux domaines scientifiques. En voici quelques exemples :
- Études de physiologie et de pathologie : plusieurs techniques utilisant la lumière synchrotron, notamment la cristallographie des protéines par rayons X, ont permis d’étudier comment fonctionnent les organes humains et d’examiner leur structure en profondeur. Ces techniques sont également utilisées pour suivre l'évolution des maladies, ce qui est utile pour le développement de nouveaux médicaments. La cristallographie est un outil de recherche classique dans le domaine biologique. Trois cristallographes ont reçu le prix Nobel 2009 de chimie pour leur utilisation de la technique permettant d’étudier comment les cellules humaines produisent des protéines.
- Analyse des matériaux : grâce à la forte intensité et aux possibilités de réglage des rayons X produits par le rayonnement synchrotron, on dispose d’un outil idéal pour l’étude des matériaux artificiels. Les rayons X synchrotron sont maintenant utilisés pour étudier les objets archéologiques. De récentes études utilisant les rayons X produits par le rayonnement synchrotron ont révélé que les anciens Égyptiens étaient capables de fabriquer du verre opaque - une preuve supplémentaire des capacités scientifiques de cette civilisation.
- Capter et stocker le dioxyde de carbone : les techniques synchrotron peuvent être utilisées pour mettre au point des matériaux pouvant être utilisés pour la capture et la séquestration du CO2. Des études sont en cours concernant la structure de composés métallo-organiques qui pourraient servir à stocker le CO2.

 

par CERN Bulletin