Le défi des économies d'eau

Une révolution silencieuse a eu lieu au CERN. L'année dernière, un nouveau système a permis de réduire de 60% la quantité d'eau nécessaire au refroidissement de nos accélérateurs.

Le groupe Refroidissement et Ventilation de la division ST devant les tours de refroidissement au bâtiment 863.

Le mot « recycler » ne signifiait probablement pas grand-chose pour beaucoup d'entre vous il y a 26 ans. C'est à cette époque que le SPS et ses circuits de refroidissement ont commencé à fonctionner. Leur mission consistait à refroidir les accélérateurs et détecteurs et à maintenir les circuits électroniques et les aimants à une température constante. Mais en 1976, nous étions moins sensibles aux problèmes d'écologie qu'aujourd'hui et par conséquent, l'eau de refroidissement provenant du lac Léman n'était utilisée qu'une seule fois, dans un système en boucle ouverte. Elle passait dans le SPS, puis était déversée dans le lac, après avoir été refroidie dans les tours de refroidissement.
Ces dernières années, le groupe Refroidissement et Ventilation (RV) de la division ST a travaillé sur la création d'un circuit fermé dans le SPS, « afin de faire du CERN un centre plus écologique gaspillant moins d'eau », expliquent Mats Wilhelmsson, chef du groupe R&V et Mauro Nonis, chef de projet pour toutes les modifications concernant le réseau d'eau du CERN. L'idée originale revient à Alberto Scaramelli, ancien chef de groupe et chef actuel de la division ST. Grâce à ce projet, le CERN n'a utilisé que 6,5 millions de mètres cubes d'eau l'an passé, soit 60% de moins qu'en 2000.
Le planning a joué un grand rôle étant donné que les travaux ne pouvaient avoir lieu que pendant la période de six mois d'arrêt du SPS de 2000-2001. Le groupe a travaillé sur 65 circuits et installations. Le système d'air conditionné du tunnel et des bâtiments de surface (BA) devait également être changé. De plus, l'équipe du SPS a pris part au projet avec un peu d'inquiétude ; l'ancien système fonctionnait bien et « si rien n'est pas cassé, pourquoi réparer ? ». Pourtant, le système a bel et bien été réparé et, après des essais sur les aimants, le SPS s'est remis à utiliser de l'eau en juin de l'année dernière. Il s'est ainsi mis au niveau du PS qui recycle depuis 1994. Le LEP a pour sa part toujours recyclé l'eau et il va de soi que le LHC sera également une machine « verte » !