Alcool au volant, pourquoi prendre le risque ?

Dans cette deuxième série d'articles sur l'alcool, le CERN met l'accent sur les dangers de l'alcool au volant.



Avez-vous déjà conduit après avoir bu de l'alcool ? Si c'est le cas, vous avez augmenté vos risques d'avoir un accident grave ou mortel, dont vous-même ou d'autres personnes auraient pu être victimes. Pourquoi prendre ce risque ?

Toute consommation d'alcool peut diminuer l'aptitude à conduire. L'alcool augmente considérablement les risques d'avoir un accident : un conducteur atteignant 0,5 gramme d'alcool par litre de sang, le taux limite légal fixé en France, risque deux fois plus d'avoir un accident que quelqu'un qui n'a pas bu. Au taux limite légal fixé en Suisse, de 0,8 g/l, le risque d'avoir un accident est cinq fois plus élevé.

De nombreux pays de l'Union européenne appliquent la même limite que la France. Les sanctions prévues pour les infractions varient selon leur gravité et comprennent le retrait du permis, les amendes et l'emprisonnement.

Taux limite d'alcoolémie autorisé et sanctions prévues dans l'Union européenne

Pays
Limite g/l
Peine d'emprisonnement (maximum)
Autriche
0,5
jusqu'à 3 mois / 3 ans (en cas d'accident mortel)
Belgique
0,5
de 15 jours à 3 mois
Danemark
0,5
-
Allemagne
0,5
5 ans (en cas d'accident mortel)
Grèce
0,5
de 1 à 12 mois
Finlande
0,5
jusqu'à 3 mois
France
0,5
de 2 mois à 2 ans
Irlande
0,8
6 mois
Italie
0,5
de 1 à 6 mois
Luxembourg
0,8
1 jour à 3 ans
Pays-Bas
0,5
de 3 mois à 3 ans
Portugal
0,5
-
Espagne
0,5*
de 1 à 6 mois
Suède
0,2
de 1 mois à 2 ans
Royaume-Uni
0,8
6 mois

* A partir de janvier 1999, 0,5 g/l pour les automobilistes et 0,3 g/l pour les chauffeurs de poids lourds et de véhicules de transport en commun.

L'alcool est une drogue qui altère les fonctions cérébrales normales et diminue l'aptitude à conduire. Ses effets comprennent :

  • une augmentation du temps de réaction ;
  • une diminution de l'aptitude à évaluer la distance, la vitesse et l'écoulement du temps ;
  • une diminution de la vigilance à l'égard des dangers potentiels ;
  • une baisse de l'acuité visuelle ;
  • un renforcement de la confiance en soi favorisant une augmentation des prédispositions à se montrer agressif.

Le diagramme ci-dessous indique la teneur en alcool de quelques boissons de consommation courante. Il suffit parfois de deux verres de vin pour atteindre la limite légale de 0,5 g/l.



Chacun a cependant sa propre tolérance à l'égard de l'alcool et présente des aptitudes différentes pour se remettre de ses effets, en fonction de facteurs tels que le sexe, l'âge, la corpulence, la nourriture absorbée auparavant et le niveau de stress.

La moitié de la teneur en alcool d'une boisson peut être absorbée en dix minutes dans le sang ; il faut environ une heure pour l'absorber dans son intégralité. Par la suite, le taux d'alcoolémie diminue progressivement d'environ 0,10 à 0,15 g/l par heure à mesure que l'alcool est métabolisé et éliminé (environ 0,10 g/l pour les femmes et plus près de 0,15 g/l pour les hommes). Il est possible d'avoir un taux d'alcoolémie supérieur à la limite légale le lendemain d'une soirée très arrosée parce que l'alcool n'est pas encore entièrement métabolisé.

Les personnes prenant des mêdicaments devraient se montrer particulièrement vigilantes à l'égard des risques liés à la consommation d'alcool. Lorsque les effets de celui-ci se conjuguent avec ceux d'autres substances pharmaceutiques, les aptitudes à la conduite automobile peuvent être d'autant plus entravées.



Le CERN donne lieu à un important trafic routier sur son domaine et à l'extérieur. La sécurité du personnel, à l'intérieur comme à l'extérieur du véhicule, ainsi que du matériel et des biens doit être assurée en tout temps. Le CERN prend pour référence le taux limite légal fixé en France, de 0,5 g/l.

Il relève de la responsabilité de chacun de veiller à être en état de conduire avant de prendre le volant. Les membres du personnel qui conduisent après avoir bu sans respecter les lois locales s'exposent à des sanctions de la police. Les conducteurs dont le taux d'alcoolémie dépasse la limite légale sont passibles de poursuites pénales et peuvent encourir des amendes et des peines d'emprisonnement.

Les collègues ont eux aussi leurs responsabilités pour garantir la sécurité et chacun peut contribuer à prévenir les comportements à risques. Par exemple, lors d'une sortie de groupe, il est possible de s'organiser pour désigner un conducteur qui s'abstiendra de boire.

Une importante campagne de sécurité routière est menée actuellement en Europe. L'Organisation tient à participer à ces efforts de sensibilisation, sans que ceux-ci soient liés à des incidents particuliers au CERN, et souhaite mettre le personnel en garde contre les dangers de l'alcool au volant. Le CERN recommande vivement aux automobilistes de lire la Circulaire opérationnelle no 8 sur la gestion des problèmes liés à l'alcool et, en particulier, la section E, qui traite des accidents entraînés par l'abus d'alcool.

Les suites d'un Accident

« C'est un bouleversement total », explique Annick Lyraud, l'assistante du Directeur général. « Vous êtes chez vous ou au travail, avec vos projets et vos rêves ; vous montez dans votre voiture et, quelques heures plus tard, vous vous réveillez à l'hôpital à cause d'un automobiliste qui a trop bu. Votre vie ne sera plus jamais la même, et vous ne pouvez rien y faire. »

En 1984, un conducteur en état d'ébriété a percuté la voiture d'Annick. Elle s'est retrouvée coincée dans son véhicule et les pompiers ont dû intervenir pour la libérer. Sa blessure la plus grave était au pied droit. Elle a dû subir de multiples interventions chirurgicales, suivre de nombreux traitements, une lourde rééducation quotidienne, et a été dans l'incapacité de marcher sans béquilles pendant deux longues années. Cette période a été trè s douloureuse pour elle et pour toute sa famille tant sur le plan physique que sur le plan moral.

Aujourd'hui, Annick continue de subir les conséquences de son accident. Il lui a fallu renoncer aux hobbies qu'étaient pour elle la voile, le ski et la course à pied. Des activités simples, comme le jardinage ou porter son petit-fils dans les escaliers, peuvent poser des problèmes. « Ceux qui pensent garder la maîtrise du volant quand ils ont bu devraient voir les conséquences que leur comportement inconscient inflige aux victimes et à leur entourage, aux enfants, à la famille, aux collègues, à tout le monde ! »

Après les longues années d'handicap, Annick s'est remise à conduire et est encore plus prudente. « Tout le monde peut faire une erreur au volant et, parfois, la faute est pardonnable. Mais l'alcool est un choix et il est révoltant de penser que l'irresponsabilité des uns puisse avoir de si lourdes conséquences sur la vie des autres. Au-delà des statistiques sur les nombres de morts et de blessés, il serait bon que les gens connaissent les conséquences subies au quotidien par les victimes d'accidents de la route, causés en autres par l'alcoolisme. Les souffrances endurées prennent pendant des années toute la place dans une vie et sont un véritable gâchis pour la famille toute entière. »
« Personnellement j'aime le bon vin mais je choisis de boire ou de conduire ! »